Le présentéisme au travail, on en fait tous un peu parfois mais ce n’est pas bien grave ? Pas d’accord. Procrastiner au bureau de temps à autre, cela arrive même aux meilleurs. Le présentéisme, c’est tout autre chose. Parce qu’on a tous mieux à faire que de faire mine… on vous explique ce que ce phénomène dit de nous, pourquoi et comment il faut y remédier (dans l’intérêt de tous ;-).

Présentéisme, définition

Le présentéisme en entreprise est une pratique qui consiste à faire acte de présence au bureau (ou en télétravail) alors même que l’on n’est pas ou plus en état d’être productif.
Le phénomène revêt diverses formes. Leur dénominateur commun : elles sont mauvaises pour la santé des salariés comme de l’organisation. Ce peut être :
– rester délibérément au bureau alors que l’on pourrait partir et qu’on ne travaille plus : bavarder avec des collègues, traiter des affaires personnelles…
– prolonger de sa propre initiative sa journée de travail en réalisant des tâches qui pourraient attendre demain,
– faire couramment des heures supplémentaires non déclarées (et donc non payées) en raison d’urgences ou de demandes de la hiérarchie,
– venir travailler alors qu’on devrait être en arrêt maladie.

Présentéisme & télétravail, ça marche aussi, hélas

Le présentéisme se pratique aussi bien à distance qu’en présentiel : il s’agit alors de poursuivre au-delà des horaires de travail ; de vaquer à ses occupations personnelles tout en restant connecté ; de décliner un arrêt de travail au motif qu’il « suffira de rester travailler chez soi »…

Pourquoi faut-il s’en préoccuper ?

Le présentéisme est une fuite en avant, à ranger dans la catégorie des risques psychosociaux. S’il s’agit d’un phénomène certes sans grande conséquence à court terme, il est toujours signe d’un malaise (soit en entreprise soit à la maison) et annonciateur d’une maladie.

Car à long terme, le présentéisme est si peu satisfaisant qu’il tire les collaborateurs vers le bas. Il créé des conditions de travail dégradées ; empiète sur le respect des sphères pro/ perso ; nuit à la santé physique & à la qualité de vie globale.
Non repéré et non géré, il a toutes les chances de finir par augmenter le taux d’absentéisme au travail et coûter d’autant plus cher à l’entreprise qu’il auto alimente une baisse de productivité durable…

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Le présentéisme en chiffres

L’absentéisme au travail se compte facilement dans la mesure où les collaborateurs sont « physiquement » absents pour raison de santé. Il n’en va pas de même pour le présentéisme, puisque le collaborateur est bien présent mais psychiquement absent. Le présentéisme représenterait 61% des dépenses liées à la santé au travail.

Dans son Baromètre 2014 du présentéisme au travail en France (eh non, pas de chiffres plus récents à vous proposer hélas), le cabinet Midori Consulting extrapole les coûts directs de l’absentéisme pour se faire une idée des coûts cachés du présentéisme.
Selon ce baromètre Midori :
1% d’absentéisme indiquerait jusqu’à 1,4 ou 2% de présentéisme
1% de présentéisme coûterait de 0,42% à 0,54% de la masse salariale
Le présentéisme couterait ainsi entre 14 et 24 milliards d’euros / an en France.

Si l’approche a le mérite de donner des ordres d’idées, elle ne tient pas compte de certaines cultures du travail en entreprise, dans lesquelles les salariés font tout pour limiter leurs jours d’absences au travail. En 2019, selon Malakoff Humanis, 28 % des arrêts maladie prescrits en France n’avaient pas été respectés, un chiffre qui allait croissant. Les collaborateurs en question basculent alors dans le présentéisme sans jamais faire gonfler le taux d’absentéisme. Motif invoqué ? « Ne pas se laisser aller »…

Les causes du présentéisme au travail

Les causes du présentéisme en entreprise sont multiples et peuvent varier d’un employé à l’autre.  
Interrogés sur les raisons de leur indisponibilité psychologique au travail, les salariés évoquent :
– une perte de sens et de motivation au travail (30 %) 
– fatigue personnelle (28 %) 
– préoccupations personnelles (21 %)
– épuisement professionnel ou approche de burn-out (18 %) 
– état de santé personnel (14 %) 
– pour traiter des sujets personnels (12%) 
– autres (7 %).

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Pourquoi diable en arrive-t-on à rester au travail alors que le cœur (ou la tête, ou la santé) n’y est plus ?

Le présentéisme induit par l’organisation :

En premier lieu, la culture d’entreprise peut être à l’origine d’une tendance au présentéisme alors même que l’on a largement accompli sa mission pour la journée. Si dans le BTP il est d’usage d’être très matinal, dans d’autres secteurs il est habituel d’arriver tard et de finir tard… Sans parler de certaines entreprises de la Silicon Valley qui ont fait école en misant sur une qualité de vie au travail éblouissante (salle de sport, consommations offertes au bar…) pour inciter les employés à rester bureau, au risque d’y laisser sa santé.
Difficile alors de ne pas se plier aux usages en place si le management ne donne pas le ton… Difficile aussi d’accepter un arrêt de travail lorsque l’on redoute d’être jugé, déconsidéré, ou « sorti » d’un projet qui vous tient à cœur.

Le management, justement… peut malgré lui encourager le présentéisme.
Soit parce que le manager travaille lui-même beaucoup et accepte que ses équipes en fassent autant, bien qu’elles ne soient pas rémunérées pour le faire.
Soit parce qu’il ne passe au bureau que tard le soir et impose ainsi à ses collaborateurs de rester si on veut pouvoir le croiser… créant ainsi un effet boule de neige où plus personne ne part du bureau à l’heure.

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Autre contexte propice au présentéisme : une mauvaise organisation du travail, une surcharge de travail chronique assortie de délais qui imposent de produire beaucoup et vite ; une valorisation toxique de ceux « qui abattent à eux seuls le travail de trois personnes vs les autres »… Dans de telles conditions de travail il devient culpabilisant de décrocher, quand bien même survient la fatigue ou l’heure de rentrer chez soi.

Le présentéisme généré par le collaborateur lui-même 

Dans certains cas, l’organisation n’est nullement responsable de ce penchant.
Le manque de confiance en soi, le besoin d’affirmer son sentiment d’appartenance et prouver son implication sont ainsi les meilleurs terreaux du présentéisme. Ce peut être aussi parfois l’envie de ne pas rentrer à la maison en raison de problèmes personnels ou par solitude.

Enfin, il peut s’agir d’une forme de complexe généré par le télétravail :
– on se sent obligé de rester longtemps au bureau les jours où on y est pour retisser les liens ;
– on se sent obligé d’être surconnecté lorsque l’on est à distance, pour prouver que l’on est bien au rendez-vous.

Les conséquences du présentéisme

Le constat est sans appel, outre les coûts évoqués plus haut, le présentéisme a divers impacts néfastes pour l’entreprise, mais également pour le salarié et ses collègues :
– découragement, perte de motivation et perte de sens,
– baisse de productivité,
– erreurs aux conséquences diverses et baisse de la qualité du service,
– confusion sur qui fait quoi au sein de l’équipe, qui travaille (soi-disant) beaucoup, climat social dégradé,
– une mauvaise image de marque pour l’entreprise et une baisse d’attractivité,
– au final des situations de burn-out et un taux d’absentéisme en hausse.

Comment réduire le présentéisme au travail ?

On s’en préoccupe peu. Pourtant le présentéisme s’inscrit dans la prévention de l’absentéisme et a toute sa place dans le plan d’action de lutte contre les risques psychosociaux.

Repérer le présentéisme

La première étape est de détecter les signaux faibles… et de faire la part entre une saine assiduité au travail ou une implication révélatrice d’un mal-être.

Le présentéisme contemplatif (le collaborateur n’est plus du tout concentré mais persiste à rester au travail) ne peut se voir qu’en présentiel ou au moyen d’une vigilance accrue en visio… pas facile. Une baisse de la productivité des collaborateurs ou de la qualité de leur travail au regard du temps passé peuvent être un repère.
Dans le surprésentéisme, le collaborateur travaille plus qu’il ne devrait ou que son état de santé ne le permet : il fait du zèle. C’est certainement la situation la plus visible, puisque la personne travaille et produit… trop. Elle aura tendance à augmenter d’elle-même sa charge de travail afin de justifier sa présence. Une situation qui peut faire croire que l’on va ainsi améliorer la performance de l’entreprise. Sauf que la productivité ne peut pas suivre le rythme : le burn out et l’arrêt malaise sont parfois au bout du chemin.

Le présentéisme stratégique (le collaborateur s’active délibérément pour créer l’illusion d’un travail) est plus problématique car la mauvaise foi entre en compte. On peut alors déceler une augmentation du temps de présence alors que les tâches accomplies, elles, n’augmentent pas.

Comprendre les raisons de ce besoin

Une fois que l’on a identifié qu’un salarié est manifestement très présent mais que la productivité fait défaut, il convient de se demander pourquoi.
En particulier : s’agit-il d’un mal-être lié au management ou à l’organisation ? D’une certaine culture du travail ? D’un trait de caractère ? D’une situation liée à une vie personnelle peu satisfaisante ?

Instaurer de bonnes pratiques 

Une formation des managers sur les risques psychosociaux pourra s’avérer utile afin de les sensibiliser aux tandems subtils que sont « autonomie et compte rendu d’activité » ; « bien-être et efficacité » ; « (sur)motivation et présentéisme », etc. Autant de pistes de réflexion sur des usages qui semblent ne pas prêter à conséquence et évoluent vers des absences répétées, ou une maladie professionnelle.

En résumé, donner de l’autonomie aux collaborateurs et les laisser libres de leur organisation du travail ne signifie pas autoriser des horaires à rallonge ! Au manager de :
– rappeler l’importance de respecter les horaires attendus en présentiel mais aussi les horaires de déconnexion prévus dans la charte du télétravail,
– valoriser les salariés qui arrivent et partent à l’heure. Ni plus, ni moins.
– saluer l’honnêteté intellectuelle de ceux qui sont capables de se déclarer « débordés », avouer des « problèmes organisationnels », « une perte de motivation, fatigue… ». Et leur proposer des solutions : lister les priorités, faire le points sur les ressources disponibles, encourager à prendre des jours (ou demi-journées)…
– mettre la bonne santé des salariés au cœur de ses préoccupations et se montrer exigeant (et rassurant) sur le respect des arrêts de travail.

Et vous ? Quels sont vos horaires de travail ? Pratiquez-vous le présentéisme, ou le constatez-vous autour de vous ? Si vous savez pourquoi, alors n’en faisons pas une maladie 😉 Vous avez toutes les cartes en mains pour enrayer le phénomène et/ou aider votre collègue à reprendre pied !

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