Être freelance, trop de la chance ? Dans l’imaginaire du monde du travail, devenir freelance représente une opportunité passionnante et stimulante, synonyme de liberté et d’autonomie. Créer sa propre entreprise nécessite toutefois de se poser les bonnes questions sur son statut juridique, de respecter plusieurs étapes afin de démarrer dans les meilleures conditions, sans oublier de réfléchir aux avantages et inconvénients. Devenir freelance, mode d’emploi : on vous explique tout ça.

Une brève définition du statut de freelance

Dans le Larousse, le terme freelance désigne un professionnel travaillant indépendamment d’une agence, dans certains métiers, notamment la presse et la publicité. Sans réel équivalent français, le mot est parfois traduit par travailleur indépendant, un terme qui fait surtout référence à son régime de protection sociale.

Dans les faits, un freelance offre ses services à des clients, sans être lié à eux par un contrat de travail. Il facture ses prestations, et est généralement payé à l’heure, la journée ou au projet. Il ne perçoit donc pas de salaire mensuel fixe.

Différents profils d’actifs peuvent devenir freelance :

  • Des salariés ou des seniors souhaitant exercer leur métier d’origine comme consultant ;
  • Des salariés souhaitant se reconvertir dans un nouveau métier ;
  • Des salariés ou des retraités souhaitant obtenir un complément de revenu avec une activité secondaire ;
  • De jeunes diplômés entrant dans la vie professionnelle et désireux de fixer leur propre cadre. 

Quels métiers peuvent s’exercer en freelance ?

Une étude menée par Eurostat en 2022 évalue à 1 028 000 le nombre de freelances en France, un chiffre qui a grimpé de… 92 % (!) depuis 2009, année de création du statut d’auto-entrepreneur. De nombreux domaines recourent aujourd’hui à des freelances pour bénéficier de leur expertise pointue ou répondre à un besoin ponctuel lié à un projet :

  • Informatique : développeur, intégrateur web, expert UX, data scientist, etc.
  • Marketing / Communication : rédacteur, content manager, community manager, consultant en expérience client, expert SEO, attaché de presse, etc.
  • Commercial : growth hacker, business developer, commercial, etc.
  • Création : directeur artistique, graphiste, vidéaste, dessinateur, motion designer, etc.
  • Littérature : rédacteur, traducteur, etc.
  • Artistique : vidéaste, photographe, etc.
  • Finance : DAF, contrôleur de gestion, etc.

Et plein d’autres professions, comme formateur, office manager, manager de transition, consultant en appel d’offres, etc. La liste est quasi infinie et évolue en même temps que les besoins des entreprises.

Comment devenir freelance : différents statuts juridiques possibles

En France, plusieurs statuts juridiques permettent de devenir freelance. Ce choix du statut juridique de l’entreprise est crucial, car il détermine l’éventuel plafond de chiffres d’affaires, les obligations fiscales et sociale, ainsi que les responsabilités en cas de dettes. Voici les statuts les plus courants pour travailler comme indépendant.

Le micro-entrepreneur (ex auto-entrepreneur)

Ce régime est le plus simple à mettre en place pour débuter son activité. Être micro-entrepreneur permet de vendre des prestations de service ou des marchandises, tout en bénéficiant d’un régime administratif, social, fiscal simplifié et avantageux.

Ce régime est réservé aux entrepreneurs à l’activité « modeste » : si le chiffre d’affaires annuel dépasse 77 700 € HT en vente de prestations de services ou en activité libérale, l’entreprise change automatiquement de régime fiscal. Ce statut est cumulable avec un emploi salarié ou une pension de retraite, et permet donc de compléter ses revenus avec une activité secondaire, ou de tester son idée avant de se lancer en indépendant.

En revanche, le statut de micro-entrepreneur ne permet pas de déduire de frais sur les dépenses liées à l’activité professionnelle.

Les atouts du statut de micro-entrepreneur :

  • Simple et peu onéreux pour démarrer
  • Pas de rédaction des statuts
  • Pas de capital social à déposer
  • Gestion administrative simplifiée
  • Peu d’obligations comptables
  • Pas d’obligation de détenir un compte professionnel (simplement un compte dédié à votre activité)

À lire aussi : Comment devenir auto-entrepreneur ? Suivez le guide !

L’Entreprise Individuelle (à Responsabilité Limitée)

Choisir le statut d’entreprise individuelle (EI), parfois appelé société en nom propre, est intéressant pour les freelances, car il est pensé pour développer une activité indépendante. En revanche, ce statut d’entreprise engage la responsabilité de l’entrepreneur individuel sur ses biens personnels en cas de dettes ou de faillite.

Mais comme l’activité de freelance nécessite souvent peu d’investissements, hormis la location d’un bureau et un peu de matériel informatique, le risque de faillite reste limité. Autrefois, le statut d’EI était rattaché au Régime Social des Indépendants (ex RSI), mais depuis 2018, ce régime a disparu et les travailleurs indépendants sont rattachés au régime général.

Si l’activité choisie présente un risque de faillite ou de contracter des dettes, dans ce cas il est préférable d’ouvrir une société en EIRL, la forme à responsabilité limitée des entreprises individuelles, qui affecte l’entreprise à un patrimoine professionnel (matériel, véhicule) et limite la responsabilité du dirigeant en cas de faillite.

Les atouts du statut d’entreprise individuelle :

  • Dépasser les seuils de chiffre d’affaires de la micro-entreprise
  • Déduction des charges liées à l’activité professionnelle
  • Déduction de la TVA sur ses dépenses professionnelles
  • Pas de statuts à déposer
  • Responsabilité personnelle réduite avec la société à responsabilité limitée


La société unipersonnelle : SASU ou EURL

Opter pour le statut de société est possible pour devenir freelance. Vous créez alors une SASU (Société par actions simplifiées unipersonnelle) ou une EURL (Entreprise Unipersonnelle à responsabilité limitée).

Ces deux statuts, très proches, limitent la responsabilité du dirigeant tout en disposant d’une grande souplesse dans le développement de son activité, par exemple en créant de nouvelles branches, etc. Ces structures de société peuvent se créer seul ou associé avec un autre indépendant. Elles constituent des personnes morales, distinctes de leur créateur : en cas de litige, la société est assignée en justice, pas l’associé.

La principale différence réside dans le statut de l’associé unique. Dans une EURL, le gérant associé est considéré comme TNS (Travailleur Non Salarié), tandis que le président actionnaire de la SASU est assimilé salarié et reçoit des bulletins de paie. Les cotisations sociales sont donc beaucoup plus élevées en SASU (environ 70 % du CA vs 45 % en EURL)… mais la protection sociale l’est aussi.

Ces deux statuts impliquent des formalités de création, de gestion et de comptabilité plus coûteuses que l’EI et la micro-entreprise. Le freelance doit déposer des statuts, et le recours à un comptable est nécessaire pour établir les bulletins de paie en SASU.

Les atouts des statuts SASU et EURL

  • Pas de capital social minimum : création possible à partir de 1 €
  • Souplesse pour faire évoluer son activité
  • Couverture sociale étendue pour le président actionnaire de la SASU.

Le portage salarial : le choix du compromis

Le portage salarial est une relation contractuelle tripartite dans laquelle un salarié « porté » signe un contrat de travail avec une entreprise de portage salarial, qui facture ses clients pour lui. Concrètement :

  • Le freelance trouve une mission chez un client et s’accorde sur un montant facturé pour sa prestation ;
  • La société de portage lui fait signer un contrat de travail ;
  • La société de portage facture le client final et perçoit les règlements ;
  • La société de portage les reverse au freelance, après avoir réglé les charges sociales et perçu sa commission.

Le principal intérêt de cette solution est d’être affilié au régime général et de continuer à bénéficier d’un régime salarié (assurance maladie, assurance-chômage, congés payés, congé maternité, cotisations retraite, mutuelle d’entreprise, etc.) tout en étant indépendant.

De nombreux simulateurs permettent de calculer son salaire net perçu à partir de l’évaluation de son chiffre d’affaires après déduction du coût du portage.

À lire aussi : Indépendants, le portage salarial est-il fait pour vous ?  

Les avantages du portage salarial :

  • Sécurité du salariat
  • Pas d’obligation comptable ou sociale 
  • Autonomie dans le choix de ses missions
  • Pas de compte professionnel dédié à son activité.

Les coopératives d’activité et d’emploi (CAE)


Autre alternative intéressante à la création d’entreprise, un freelance peut rejoindre une coopérative d’activité et d’emploi. Ce regroupement économique solidaire de plusieurs entrepreneurs leur procure un statut d’entrepreneurs-salariés. Moyennant un pourcentage de leur chiffre d’affaires, ils bénéficient des avantages du salariat, tout en restant indépendant.

Les atouts des coopératives d’activité et d’emploi (CAE)

  • Sécurité du statut de salarié
  • Obligations comptables et sociales limitées
  • Autonomie pour développer son activité
  • Pas de compte professionnel dédié à son activité

Comment devenir freelance : les démarches à accomplir

Pour devenir freelance, il est nécessaire de suivre certaines démarches administratives. Voici les étapes clés :

1 – Choisir une activité

Le freelance doit choisir une activité professionnelle à développer, en fonction de ses compétences, de son expérience et de ses centres d’intérêts. Cette phase est cruciale, car elle nécessite de s’interroger sur la viabilité de son projet, les débouchés potentiels, la manière de démarcher ses clients.

2 – S’informer sur les aides financières


Devenir freelance peut donner droit à l’octroi de différentes aides financières, selon votre situation de départ. L’ACRE (autrefois ACCRE) aide à la création ou à la reprise d’une entreprise via une exonération partielle de charges sociales en début d’activité, et apporte un accompagnement pendant les premières années. Elle est parfois cumulable avec d’autres aides, notamment le maintien des allocations chômage (ARE) pour les futurs freelances éligibles.

3 – Choisir un statut juridique

Le choix du statut juridique est crucial pour le freelance. Il détermine le coût de création éventuel de la société, les obligations fiscales et sociales, les responsabilités en cas de dettes et le niveau de couverture sociale. Un expert-comptable peut vous accompagner dans votre réflexion.

4 – Déclarer son activité et obtenir un numéro de SIRET

Tout nouveau freelance qui choisit de créer sa propre société doit s’inscrire auprès des organismes compétents (URSSAF, Chambre des Métiers, Chambre de Commerce) pour déclarer son activité et recevoir son numéro de SIRET. Le numéro de SIRET est obligatoire pour facturer ses clients.

5 – Souscrire un compte bancaire professionnel

Selon le statut juridique choisi pour exercer son activité, le freelance peut être tenu d’ouvrir un compte bancaire professionnel. Le site des impôts propose un récapitulatif personnalisé selon le statut et le type d’activité exercée.  

Quel que soit votre statut, renseignez-vous bien sur les différents frais bancaires afférents à votre compte pro avant de souscrire. L’encaissement en espèces est-il possible ? Le nombre de virements mensuel est-il limité ? Quel est le coût de la carte professionnelle ? Disposez-vous d’un découvert autorisé, qui peut être utile en cas de décalage de trésorerie ?

À lire aussi : Comment choisir son compte professionnel ?

6 – Souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle

Toutes les activités réglementées sont tenues de souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle. Les autres freelances n’y sont pas obligés, mais la démarche reste recommandée. En effet, la RC professionnelle couvre d’éventuels litiges avec des clients ou prospects, le remplacement du matériel professionnel, etc. Bon à savoir : si vous travaillez uniquement de chez vous, l’assurance responsabilité civile liée à votre habitation vous couvre.

7 – Définir son TJM (taux journalier moyen)

Le TJM correspond à votre prix de vente d’une journée de travail sur une mission. Pour le calculer, vous devez évaluer :

  • Le salaire net souhaité (votre revenu facturé moins vos charges, calculées selon votre statut juridique) ;
  • le nombre de jours que vous pouvez vendre chaque mois, en tenant compte du temps consacré aux tâches administratives et à la prospection (en pratique, 16 jours vendus paraissent plus réalistes que 20 ou 21) ;
  • la valorisation de votre niveau d’expérience.

Vous ne savez pas par où commencer ? Faites un tour sur les plateformes proposant les services de freelances, comme Malt ou Crème de la Crème, afin de vous positionner par rapport à d’autres professionnels indépendants.

8 – Se lancer !

Une fois que toutes les formalités sont accomplies, il est temps d’informer votre réseau de votre nouvelle activité de freelance et de solliciter des premiers rendez-vous afin de présenter votre offre de prestations. Il est important de disposer d’une réserve de trésorerie pour les premiers mois, le temps que votre activité trouve sa vitesse de croisière.

Quels coûts anticiper lorsqu’on se lance comme freelance ?

Dans les activités de prestation de services, les investissements de départ sont très réduits, voire inexistants, excepté pour le dépôt des statuts en SARL / EURL. En revanche, il est important de garder à l’esprit que des charges arriveront au fur et à mesure, dès la première année. Elles diffèrent selon le statut juridique de la structure :

  • Charges sociales (URSSAF) ;
  • Impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés selon votre statut ;
  • Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), calculée selon le lieu d’implantation du siège social ;
  • Frais de comptabilité ;
  • Frais de compte bancaire ;
  • Assurance professionnelle ;
    Etc.

Les avantages de la vie de freelance

La vie de freelance est souvent associée à une autonomie appréciée pour être totalement indépendant et s’organiser comme on le souhaite. Un indépendant a en effet la liberté de :  

  • Choisir ses clients ;
  • S’affranchir de tout lien de subordination ;
  • Choisir son lieu de travail (home office, coworking, etc.) ;
  • Favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Certains freelances gagnent mieux leur vie qu’en étant salariés, mais ce n’est pas une règle absolue. Tout dépend de l’activité choisie et de la rareté des compétences proposées par le freelance.

Enfin, devenir indépendant implique aussi de continuer à se former en continu sur son domaine d’expertise afin de rester compétitif. Difficile donc de s’ennuyer lorsqu’on est freelance !

Les inconvénients de la vie de freelance

Certes, la liberté et l’autonomie associées au statut de freelance laissent rêveur. Pourtant, tout n’est pas idéal dans le quotidien d’un travailleur indépendant, même s’il est possible de trouver des solutions pour atténuer ces inconvénients, voire les transformer en atouts.

Gare à l’isolement

L’isolement est difficile à vivre pour certains. Plus de manager, certes, mais plus de collègues, de pauses café… le manque de lien social peut être vrai problème pour un créateur d’entreprise. La bonne idée pour y remédier ? Travailler au moins une partie de la semaine en espace de coworking et profiter du dynamisme d’une communauté de freelances, désireux eux aussi d’interactions sociales.

Gérer l’incertitude

Qui dit indépendance dit aussi perte de visibilité sur ses revenus, surtout au démarrage de l’activité. Après plusieurs années, il est plus facile d’évaluer un chiffre d’affaires moyen en fonction de ses projets et clients récurrents. Toutefois, un indépendant n’est jamais à l’abri d’un trou d’air. C’est pourquoi entretenir et élargir son réseau doit rester une priorité. Les espaces de coworking comme Wojo, où se croisent travailleurs indépendants, start up et grands groupes, constituent un vivier intéressant pour rencontrer de nouveaux prospects et faire connaître son activité.

Bien séparer vie professionnelle et vie personnelle

Lorsqu’on est son propre patron, et d’autant plus si l’on travaille de manière indépendante depuis la maison, mettre des limites claires est indispensable pour bien séparer le travail du perso. Pour cela :

  • On se fixe des horaires de début travail… et de fin de travail.
  • On sépare si possible le bureau du reste de la maison, pourquoi pas à l’extérieur dans un espace de coworking doté de mobilier ergonomique et de services associés.
  • On informe son entourage de ses heures de travail et de disponibilité.

Devenir multitâches

Vous êtes développeuse informatique ou consultant en relations presse ? En devenant freelance, vous allez aussi devenir chef de projet, comptable, responsable informatique, responsable services généraux, etc.

Un freelance est un chef d’entreprise, et consacre une part importante de son temps à la gestion de l’entreprise. Ces tâches, non prioritaires comparées à la recherche et la gestion des missions freelance, sont souvent effectuées le soir ou le week-end.

Savoir s’organiser

Être indépendant nécessite de la polyvalence et un sens aigu de l’organisation. Organisation de votre temps, de vos projets pour respecter les contraintes fixées par vos clients, de votre temps de prospection… un freelance est aussi un pro de l’agenda et du suivi de projet !

Le mot de la fin ?
Devenir freelance, indépendant et autonome, représente une formidable aventure professionnelle, synonyme de liberté, mais aussi de moins de sécurité par rapport au salariat. Avant de se demander comment devenir freelance, il est essentiel de s’interroger sur ses motivations profondes, sa capacité à gérer l’incertitude, la gestion de projet et le relationnel client. Si tous les voyants sont au vert, bon démarrage à vous !

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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