Depuis qu’il figure parmi les maladies professionnelles reconnues par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le burn-out semble nous guetter davantage. Notre stress chronique n’est pas près de s’amenuiser : les catastrophes naturelles qui s’enchaînent et l’effondrement prochain de notre société capitaliste, prédits par des alerteurs en tout genre, achèvent de nous flanquer une sacrée frousse. Romain, votre voisin de bureau a la solution : pratiquer le survivalisme ! Sceptique, vous pensez tout de même qu’il pousse la prévoyance un peu loin… Mais quelle position adopter face aux survivalistes ?

Sauve qui peut !

Admettons, le monde arrête de fonctionner demain, notre économie est sens dessus dessous, envolées épargne et stabilité sociale. Au cas où, Romain a déjà commencé à stocker des sachets de nourriture lyophilisées bio dans son bureau… À la bonne heure, le voici converti au survivalisme ! Vous l’avez interrogé pour savoir de quoi il retourne.

Pour rappel, depuis la Guerre froide, le survivalisme consiste à se préparer d’une façon ou d’une autre à un effondrement de notre civilisation industrielle à la suite d’un évènement brutal ou progressif (guerre nucléaire, catastrophe naturelle, crise économique, épidémie…). Certains investissent dans un bunker et des stages de survie pour toute la famille, d’autres se contentent de faire le plein de lait en poudre… c’est au prorata de ses moyens et de son niveau de pessimisme.

Après une première inspection, il s’avère qu’effectivement, votre voisin de bureau garde un sac d’évacuation derrière sa chaise, qui renferme le nécessaire pour survivre une semaine en cas de situation d’urgence. Curieux.se, vous creusez un peu plus ; enfin il ouvre les vannes et parle avec fougue de ses week-ends passés en forêt à pratiquer le bushcraft. Se résumant comme l’art de vivre dans les bois, cette discipline qui passionne les survivalistes consiste à réapprendre les pratiques et gestes de nos ancêtres qui vivaient en harmonie avec leur environnement naturel. Des étoiles plein les yeux, Romain enchaîne en récitant les paroles de Pierrot San Giorgio, un grand conférencier et auteur de nombreux ouvrages dans cette mouvance ( Survivre à l’effondrement économique et Rue barbare ), vu au dernier salon du survivalisme.

Vous vous dites que Romain exagère, qu’il fabule, nous n’en sommes tout de même pas là ?! Cependant, il connait plein de choses sur tout un tas de sujets et il a un discours qui se tient. Et puis il vous cite à tout propos le dernier ouvrage de Fred Vargas L’humanité en péril – Virons de bord, toute ! Flammarion. Et si comme nous, vous avez eu en prime le malheur de vous faire un marathon de la première saison de la série anglaise Years and Years, sortie cette année, vous éprouvez sans aucun doute les mêmes sueurs froides que votre collègue ?!

Alors comment faire avant que toute votre équipe ne s’évanouisse dans les bois, plutôt que de suivre ses KPIs ?

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La fin du monde, c’est pour demain ?

Bon, ne paniquons pas. D’ailleurs, dirait Romain, il est un peu tard pour paniquer, si on fait référence au réchauffement climatique. Tâchons de nous montrer réalistes, ouverts et constructifs…

Où le survivalisme n’est pas sans fondement

Romain n’a pas complètement tort :  des fournisseurs d’électricité potentiellement incapables de répondre à la demande en cas d’hiver trop rigoureux, une rupture de livraison de pétrole suite à une attaque en plein désert, des médicaments en rupture de stock ou des circulations coupées nettes par la neige… autant de scenarii plutôt réalistes, non ?

L’idée du sac d’évacuation ou kit d’urgence de Romain (appelé BOB chez les survivalistes) n’est donc pas si tirée par les cheveux que vous pourriez le penser : le Ministère de l’intérieur français recommande en effet à chacun d’entre nous d’avoir un sac de survie pouvant nous nourrir et tenir pendant trois jours.

Romain, lui, est accro à la page « risques » du site gouvernement.fr, qui trie les menaces en catégories (terroristes, sanitaires, technologiques, naturels & cyber), et présente toutes sortes de fiches pratiques. Par exemple : comment anticiper une situation d’urgence et préparer son kit d’urgence… Vous pouvez même découvrir les risques qui vous pendent au nez en saisissant le département dans lequel vous vous trouvez. Un peu too much ? Certes.

Les preppers

Dans la famille survivaliste, demandez le néo survivaliste : loin d’être en mode plan de retrait dans son bunker prêt à dégommer tout intrus qui voudrait lui voler son stock d’antibiotiques (on plaisante bien sûr), le prepper cherche simplement à voir les choses en face et « se préparer »  par des gestes simples, tels que retour aux sources, limitation du gaspillage… Selon Gerald Celente, le fondateur du Trends Research Institute : « Cela veut dire également : devenir de plus en plus solidement engagé avec ses voisins, son quartier. Travailler ensemble et comprendre que nous sommes tous dans le même bain. Le meilleur moyen d’avancer c’est en s’aidant mutuellement […] » Une posture qui a donc toute sa place dans le monde de l’entreprise… Vous commencez à reconnaître chez Romain une appétence et un intérêt pour le collaboratif nettement plus positifs. Et si vous lui donniez un peu plus la parole afin de voir ce qu’il peut apporter à votre équipe ?

Comment accueillir le survivalisme au travail ?

Alors, au lieu rejeter en bloc les convictions d’un Romain, pourquoi ne pas prêter oreille à cette tendance, et en tirer profit ? Car le survivalisme regorge de bonnes pratiques. Voici quelques pistes pour faire souffler un vent sylvestre et écoresponsable dans les couloirs du bureau :

  • Là où certains récupèrent de l’essence de bouleau pour allumer un feu de bois, vous pourriez commencer par veiller à récupérer et distribuer les restes du buffet du petit-déjeuner du lundi et lutter systématiquement contre le gaspillage alimentaire. Mandatez Romain sur ces questions, il fera assurément des miracles.
  • En parlant de nourriture, votre collègue sait se concocter des beignets aux feuilles d’ortie, vous pourriez faire de même en team building, pour les ingrédients on vous laisse choisir. Rigolade, bonnes surprises et souvenirs mémorables assurés !
  • Vous avez dit team building ? Et si vous proposiez à l’avenir plus d’activités qui rapprochent effectivement de la nature : apprendre à faire un feu, s’orienter en forêt sans son GPS, et bien sûr, pour les audacieux, la nuit à la belle étoile ?
  • Connaissez-vous la BAD (Base autonome durable) ? Votre collègue sera sans doute enchanté de tout vous expliquer, et c’est passionnant ! Il suffit d’une serre, ou de culture en aquaponie à base de déjections de poissons, pour produire de quoi pour nourrir une petite famille. La permaculture permet de faire pousser ses repas et réaliser des économies. Pourquoi ne pas installer des carrés de culture sur la terrasse du siège de votre entreprise ?
  • L’autonomie des ressources est cruciale au survivalisme. Économisez et réutilisez celles qui sont précieuses en faisant poser des panneaux solaires et des citernes de récupération de l’eau de pluie. RSE et survivalisme font bon ménage : et vous n’êtes pas sans savoir que la RSE, c’est rentable ?

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Le survivaliste est engagé. Et vous ?

De retour sur la plateforme « gouvernement.fr/risques », vous découvrirez également comment participer et inviter vos équipes à hauteur de leurs possibilités en cas de crise majeure : donner son sang, se former au secourisme, assurer des rondes pour lutter contre les départs de feu, mais aussi s’engager ou encore devenir réserviste. Non pas militaire ni pompier, c’est peut-être un peu trop : mais pourquoi pas, rejoindre la réserve civique ou pour les pros de l’informatique, la RCC : Réserve citoyenne de cyberdéfense, qui elle, dépend du ministère de la Défense.

Bref, une foule d’initiatives porteuses de sens et d’intérêt général sont compatibles avec le survivalisme… s’en inspirer, c’est finalement apaiser les Romain en puissance, en entendant leurs inquiétudes et en les prenant au sérieux.

Profiter du survivalisme pour retrouver sa raison d’être

On peut se protéger de l’avenir, tout comme on peut l’anticiper avec plus de clarté d’esprit. Partir en montagne, s’isoler en pleine nature, ne serait-ce le temps d’un week-end, revient à se retrouver avec soi-même. Chacun d’entre nous a un jour connu la perte de sens, à échelle réduite ou plus importante. Ecouter ce que le survivalisme a à dire permet de se réaligner tout d’abord avec soi-même pour mieux contribuer à faire avancer les choses, y compris dans le monde professionnel.

Si comme Romain vous trouvez qu’il est temps de vous reconnecter avec votre personnalité, votre cœur et vos désirs profonds, le survivalisme, même si vous l’adoptez avec modération,  pourrait être tout indiqué comme remède à la démesure de notre époque. Prenez le large pour mieux nous revenir !

Vivre sa vie dans l’optique d’une éventuelle catastrophe et constamment faire la fourmi alors que vous êtes plutôt cigale ne vous convient pas ? Le survivalisme n’est pas pour tout le monde, mais on peut en retirer des enseignements utiles. S’il est certain que Romain et ses repas lyophilisés s’inscrivent dans une tendance ascendante, fomentée par des médias alarmistes, il n’en a pas moins le mérite de se montrer réceptif (vs ceux qui aiment les autruches) et d’essayer d’agir, à son niveau.

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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