Facebook, Twitter, Google, Instagram, mail, slack, etc. Notre cerveau est désormais câblé sur une multitude de notifications. Et il aime ça au point de ne plus pouvoir s’en passer. Les neurosciences se sont emparées de cette nouvelle addiction aux écrans et viennent nous démontrer comment les géants du web s’appuient sur les évolutions de nos cerveaux, devenus accros. Est-il encore temps d’entrer dans la détox ? On se pose la question.

Ecran, l’addiction originelle

Si l’addiction aux smartphones n’est pas encore reconnue dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (le DSM), confie la psychologue clinicienne Stéphanie Bertholon-Allagnat lors d’un entretien à Cerveau&Psycho, il s’agit bien d’une « addiction comportementale ». Et entre la mauvaise habitude et la réelle dépendance, il n’y a qu’un pas. Et vous, êtes-vous capable de laisser votre smartphone à tout moment sans sensation de manque ?

Les chiffres révèlent un phénomène grandissant. Selon une enquête réalisée par le cabinet Deloitte en 2016, « les personnes âgées de 18 à 75 ans consultent leur portable 26 fois par jour en moyenne, et pour les 18-24 ans, ce chiffre atteint 50 fois ». Alors toujours sceptique ?

Plus qu’un constat social, il faut remonter à l’origine du phénomène. Pourquoi notre cerveau est-il si friand du smartphone ? Le design est en cause ! Et pas l’esthétisme, entendons-nous, mais la conception. C’est le design qui trahit l’objectif. Dans une étude publiée dans NeuroRegulation par les professeurs d’éducation à la santé de l’Université de San Francisco Erik Peper et Richard Harvey, on découvre que les stimuli provoqués par les notifications push, vibrations et autres alertes empruntent les mêmes chemins neuronaux que ceux nous signifiant un danger imminent. Ces stimuli provoquent ainsi le besoin en nous d’y répondre, et ce dans l’immédiat. Action, réaction.

Regardons également du côté des hormones qui nous procurent la sensation de bonheur et de plaisir. La dopamine, c’est l’hormone du plaisir. C’est ce qu’on ressent quand on réussit sur Candy Crush, lorsqu’on a des messages, lorsqu’on a des likes sur son post Instagram ou sa story. Cela fonctionne sur un principe de récompense, et c’est comme ça que la gamification fonctionne. Les créateurs et développeurs d’applications l’ont bien compris. Et c’est là que le bât blesse ! Comment ne pas être dépendant à une chose conçue pour nous rendre dépendants ?

Mais alors, si les smartphones, nous procurent du plaisir, où est le mal me direz-vous ? Premièrement, le plaisir est un « bonheur » à court terme. Aussitôt consommé, aussitôt terminé. D’où la sensation « de trop peu » et la volonté d’y revenir, et ce constamment, comme dans un cercle vicieux. C’est là que la dépendance s’installe et qu’un mal-être s’immisce.

La psychologue clinicienne Stéphanie Berthollon-Allagnat sonne aussi l’alerte sur l’arbre qui cache parfois la forêt avec l’exemple de l’une de ses patientes. Claire, « qui est très anxieuse et rumine beaucoup, joue à Candy Crush sur son smartphone pour ne plus penser, ne plus être obnubilée par des idées qui tournent en boucle dans sa tête. C’est une vraie soupape pour elle, et elle peut se consacrer au jeu cinq heures d’affilée ». Le smartphone a alors ici un rôle « contraphobique ». Il fait alors office de « doudou » qui rassure et permet de se voiler la face lors d’un réel problème : burn-out, bore-out et autres mots en « out » peuvent alors perdurer et être décelés tardivement. Restons vigilants !

Temps de cerveau (in)disponible ?

Alors, comment se concentrer sur autre chose quand on est addict ? Les écrans sont partout. Vos mails et Facebook sont aussi bien sur votre smartphone que votre ordinateur. Les notifications Instagram vous interpellent sur votre téléphone. Si bien que vous ne savez plus où donner de la tête.

À force de sollicitations, il n’est plus possible de se focaliser sur une tâche et de façon efficace.

Selon une étude dirigée par Adobe par le cabinet Advanis, on passerait 3h20 par jour à gérer et vérifier ses mails. Sur une journée de travail de 8 heures, c’est vite chronophage.

Au-delà du temps perdu ici, il faut compter un temps difficilement comptabilisable. Celui qu’on met pour se « re »concentrer sur une tâche. Il s’élèverait à 20 minutes selon le psychologue américain Larry Rosen. Et si on multiplie ce nombre par la quantité de tâches avec lesquelles on jongle, l’addition s’avère vite salée ! À l’heure de l’apologie du « multitasking », il semble bon de revoir sa copie. Le cerveau est-il réellement fait pour jongler d’une tâche à une autre ?

Et ce n’est pas fini ! Le cerveau est un « être » d’habitude. Plus vous répétez une action, plus il s’y habitue et s’y complait. Ce qui signifie que plus vous serez déconcentré par des stimuli extérieurs : notifications, vibrations, mails intempestifs, plus votre cerveau sera amené à être déconcentré. Si le stimulus n’est pas extérieur, il viendra de l’intérieur. Vous irez donc vous-mêmes vérifier si vous n’avez pas de messages, même si votre téléphone est sur silencieux. La chercheuse en informatique Gloria Mark, qui a étudié ce phénomène de distraction, utilise ainsi le terme « s’auto-interrompre » en bon état de cause.

Cal Newport, professeur d’informatique en rejet total du multitasking, prône un retour à une concentration « profonde » et sur une tâche à la fois. Comme un écho à l’expression anglaise « Jack of all, Master of none » (littéralement « partout à la fois, mais expert en rien »), sorte de pendant à l’expression française de vouloir être au four et au moulin, Carl plébiscite le Deep Work afin d’améliorer son efficacité et sa productivité.

Comme on vous le disait plus haut, le cerveau entretient les routes que vous utilisez tous les jours. Les autres, il les néglige. C’est la même chose avec vos chemins neuronaux. Selon un article de Fast Company, lorsque vous ne vous servez pas de certaines connexions synaptiques, des agents d’entretien viennent élaguer la place qu’elles occupent dans l’espace de votre cerveau. Ainsi si vous consacrez plus de temps à regarder Instagram, comprendre pourquoi ou non quelqu’un n’a pas aimé votre post Facebook, votre cerveau va laisser plus de place à ces « capacités ». Et il négligera en contrepartie des tâches dans votre travail : la création d’un programme informatique, le suivi d’un projet managérial ou l’amélioration de vos connaissances en gestion de tableau Excel. Autant d’actions qui deviendront donc mécaniquement de plus en plus laborieuses et pénibles.

Votre cerveau est un temple.

Ce que nous apprend l’article Fast Company, c’est que nous sommes acteurs de ce que fait notre cerveau. Il n’est pas nécessaire de rester spectateur et encore moins de subir. Est-ce qu’il ne faudrait pas aussi réapprendre à s’écouter ? Lorsque vous avez trop d’informations, une powernap (microsieste) peut s’avérer salvatrice. En effet, lorsque nous dormons, les mêmes agents d’entretien s’occupent d’enlever les informations superflues permettant souvent de faire le point sur une situation complexe. « Thinking with a sleep-deprived brain is like hacking your way through a dense jungle with a machete : réfléchir quand on manque de sommeil, c’est comme se frayer un chemin dans une jungle amazonienne avec un couteau suisse. »

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Pierre-Marie Lledo, directeur du département neurosciences de l’Institut Pasteur, nous explique aussi que la dopamine agit en corrélation avec la sérotonine. En effet, quand l’une croît, l’autre décroît. La sérotonine, c’est l’hormone qui s’approche le plus de notre concept de bonheur. Elle procure une sensation de bien-être, un bonheur plus constant et tempéré que la dopamine. C’est ce qui fait que nous nous sentons bien au quotidien. Cependant avec les smartphones, c’est la dopamine qui est sollicitée et encouragée, générant frustration, nuisant ainsi à notre moral, notre bien-être et l’équilibre de nos émotions. La recherche des petits plaisirs peut alors nous coûter notre bonheur. Et si le secret résidait dans la recherche d’un équilibre ?

Des activités de « pleine conscience », de méditation et de yoga permettent de se recentrer sur soi et de prendre du recul sur les choses triviales et importantes dans notre vie. Elles peuvent être une bonne solution dans la recherche de cet équilibre. Et si le problème s’avère plus profond, la consultation d’un coach ou d’un psychologue est à explorer.

Pour les plus réticents, des applications permettent d’accompagner dans la « digital detox ». Mute par exemple vous permet de fixer des objectifs de temps « non passé » sur une application. De manière plus générale, Quality Time vous permet de vous rendre compte visuellement du temps que vous avez passé sur votre smartphone. Et pour les plus accros, il y a Timewaste Timer, l’appli coercitive qui vous fera littéralement payer votre temps passé sur Facebook.

Le bon mot de la fin revient à Sierra Hinkle, une étudiante du professeur Peper : « Il faut que nous soyons plus créatifs dans notre façon d’appréhender la technologie. De sorte que nous puissions toujours l’utiliser comme outil, mais qu’elle ne nous prive pas de l’expérience de la vraie vie. » Quand Sierra sort avec ses amis, ils mettent tous leur téléphone au centre de la table. Le premier qui touche au sien paye sa tournée !

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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