Vous cherchez l’inspiration pour challenger votre mode de management ? On vous présente Carl Rogers. Ce psychologue humaniste majeur du XXe siècle a posé les bases d’un leadership authentique et bienveillant, fondée sur la qualité de la relation, le respect inconditionnel et la confiance dans le potentiel humain.
En bref :
– Carl Rogers est un psychologue humaniste qui a révolutionné la thérapie en s’intéressant à l’homme plutôt qu’à ses symptômes.
– Convaincu que toute personne (patient ou client) a une tendance naturelle à cheminer et à s’améliorer, il a défini trois principes à l’attention des thérapeutes pour leur permettre de créer les conditions optimales de ce progrès : la compréhension empathique, la congruence et la considération inconditionnelle.
– Carl Rogers a ensuite détaillé ces principes, véritable philosophie de vie, qui furent ensuite largement utilisés en dehors du champ de la psychologie.
« Chaque individu possède en lui d’immenses ressources pour se comprendre, pour changer, et pour vivre de façon plus constructive. » Carl Rogers
Convaincu que la qualité de la relation interpersonnelle est le premier levier de transformation du comportement, Carl Rogers est connu pour avoir développé l’Approche centrée sur la personne (ACP), qui a elle-même inspiré l’écoute active. La pensée de Carl Rogers a donc eu une influence bien au-delà de la psychothérapie : son approche a trouvé des applications dans l’éducation, la diplomatie (il a été nommé pour le prix Nobel de la paix en 1987), le coaching, les ressources humaines, le développement personnel et le leadership.
Quels sont les trois principes fondateurs de la pensée de Carl Rogers, quelles conditions réunir pour les appliquer pleinement et comment les mettre en pratique en entreprise ? Ouvrez vos chakras et suivez le guide.
Qui était Carl Rogers ?
Carl Rogers, pionnier de la psychologie humaniste
Vous ne le connaissez pas, pourtant la pensée de l’humaniste américain Carl Rogers (1902-1987) est l’une des plus influentes du XXe siècle dans le domaine de la psychologie. Fondateur du concept de l’Approche centrée sur la personne (ACP), Carl Rogers a radicalement changé la manière de concevoir la relation d’aide en thérapie, en plaçant l’homme (et non plus le symptôme) au centre de la relation. Un processus qui l’amena à proposer une relation thérapeute – client au lieu de thérapeute – patient et à bouleverser l’expérience thérapeutique.
Concrètement ?
Là où la psychanalyse (à la suite de Freud) se concentrait sur les conflits inconscients du patient qu’il fallait guérir, Rogers a proposé un concept plus optimiste, « la tendance actualisante ». Il s’agit de la croyance selon laquelle l’homme a une capacité naturelle à se comprendre lui-même pour se développer au fil de ses expériences de vie.
Toute personne possède donc en elle-même les ressources nécessaires pour évoluer positivement, mais tout le monde n’y parvient pas. Il faut donc créer les conditions nécessaires pour l’y aider, notamment grâce à un climat de compréhension et d’empathie.
Application en entreprise
Appliquer la pensée de Carl Rogers à votre management consiste à partir du principe que tout collaborateur a les ressources (softs skills) en lui pour performer, ou tout du moins apprendre de lui-même… à condition de le placer dans un environnement bienveillant.
Est-il besoin de le préciser : cela suppose tout de même que la personne a été bien recrutée et qu’elle dispose des outils utiles pour travailler 😉.
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La théorie de Carl Rogers
Au-delà de ses applications en thérapie, Carl Rogers a posé les bases d’une véritable philosophie de vie, profondément humaniste. Son concept s’adresse à tout homme / enfant en phase d’apprentissage, afin de poser les bases de comportements authentiques et respectueux quelles que soient les différences et permettre à chacun de grandir tout au long de la vie.
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1. Les trois principes fondamentaux de Carl Rogers
Ces trois attitudes constituent, selon Carl Rogers, la posture à adopter dans une relation véritablement aidante et profitable en thérapie comme au bureau). Elles sont les prérequis pour appliquer ensuite les conditions détaillées plus bas qui permettront à la personne / vos équipes de s’épanouir et de révéler leur potentiel.
La compréhension empathique : entrer dans le monde de l’autre
« Être écouté avec empathie, c’est se sentir libre de se révéler sans crainte. » Carl Rogers
Être empathique avec vos équipes, ce n’est pas compatir, c’est se mettre sincèrement à la place de la personne, avec une compréhension fine de ce qu’elle vit, sans fusion ni intrusion. Cela permet de prendre la mesure des obstacles qui l’ont entravé.e ou blessé.e et adopter la bonne attitude.
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La congruence (authenticité intérieure)
La congruence, c’est la cohérence entre l’expérience, la conscience de soi et ce qui est exprimé : une personne congruente est alignée entre ce qu’elle ressent, pense et montre. Vous pensez que c’est facile ? Nous pas 😉, surtout dans la vie professionnelle.
Le manager congruent assume ce qu’il est, dit quand il ne sait pas, etc. Ce faisant, son collaborateur (partenaire ou autre client) reçoit cette sincérité. Non seulement cela instaure un climat de confiance mais ce dernier fera de même, facilitant ainsi la communication et la construction d’une relation fructueuse.
La considération positive inconditionnelle
Encore plus difficile dans la vie de tous les jours et lorsque vos KPI sont en jeu ! La considération inconditionnelle dont parle Carl Rogers, c’est le respect dû à toute personne (y compris vous-même), le fait d’accueillir l’autre dans toute sa vulnérabilité, sans préjugé ni impatience.
Cela ne signifie pas tout approuver, mais reconnaître la valeur intrinsèque d’une personne, indépendamment de ses actes ou de ses échecs, favorisant ainsi un climat de sécurité psychologique.
Vous nous répondez « Oui, mais tout de même… » ? Revenez à l’empathie et la boucle est bouclée.
2. Les conditions d’une relation qui transforme
Carl Rogers a précisé sa pensée dans un article fondateur de 1957. Ses trois grands principes se recoupent avec sept conditions qualifiées de nécessaires et suffisantes au progrès en thérapie. Là encore, leur orientation humaniste permet d’en tirer profit pour type de relation, notamment professionnelle.
Être réellement en relation
Le prérequis des principes de Carl Rogers : être disponible, s’impliquer dans la relation. Ce n’est pas une interaction technique ou impersonnelle, mais un engagement. Vous trouvez qu’on enfonce des portes ouvertes ? Parlons de ces réunions où chacun est sur son téléphone au lieu de vous regarder…
La relation comme levier de transformation
« Ce qui est thérapeutique, c’est la relation elle-même. » Carl Rogers
C’est sans doute le principe qui nous est le plus cher 😊. Selon Carl Rogers, c’est bien la qualité de la relation qui transforme et fait grandir (et non pas une technique, une méthode ou une injonction). Autrement dit, la richesse des liens que l’on tisse constituent le creuset de la guérison en thérapie ou de la performance en entreprise.
La confiance dans le potentiel de la personne
« Tout être humain a une impulsion fondamentale à se réaliser pleinement. » Carl Rogers
Selon sa théorie de « la Tendance actualisante », Carl Rogers croyait que chaque individu est enclin à se développer et progresser, pour peu qu’on lui donne de l’espace et la reconnaissance. Il s’agit donc de se montrer ouvert, patient et détecter (puis valoriser) les points forts de la personne.
Si l’on a pu taxer le thérapeute d’excès d’optimisme, d’autres théories vont dans le même sens. C’est le cas du processus de l’effet Pygmalion (étudié hors du champ des sciences psychologiques) dans lequel affirmer à une personne que l’on croit en ses capacités permet à cette dernière de se dépasser.
L’écoute active : écouter pour comprendre, pas pour répondre
« L’autre se sent compris non pas parce que j’ai des réponses, mais parce que je suis avec lui. » Carl Rogers
Dans le processus de l’écoute active, on se rend entièrement disponible à la personne sans chercher à répondre ou résoudre son problème. On laisse parler sans interrompre, on fait de la place au silence, on surveille son langage corporel, on reformule pour valider sa compréhension… et… c’est tout, parce que lisez la suite.
La non-directivité : ne pas imposer sa solution
« Quand j’abandonne le rôle de guide, je découvre que les gens peuvent s’orienter eux-mêmes. » Carl Rogers
Carl Rogers ne donnait pas de conseils et se positionnait d’égal à égal avec son « client » (rappelons qu’il refusait le terme « patient »). Il créait plutôt les conditions afin que la personne trouve ses propres réponses. CQFD.
La co-construction du sens : construire ensemble plutôt qu’imposer
« C’est dans la relation que le sens émerge. » Carl Rogers
On parle ici du sens que nous donnons aux situations, projets, à notre vie quotidienne, etc. C. Rogers pensait que le sens d’une situation n’était pas « donné », mais qu’il émanait de la relation avec les personnes impliquées.
En pratique, embarquer les équipes dans les décisions, co-écrire les règles de fonctionnement permet certes de faire passer des messages. Mais cela permet d’abord de construire une relation de qualité, et c’est de ce lien que découle le sens.
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L’autonomie comme finalité : soutenir sans créer de dépendance
Au-delà de la non-directivité, l’objectif de Carl Rogers est de rendre la personne autonome, capable de faire ses choix. En management, il s’agira de donner des clefs d’apprentissage à ses équipes afin qu’elles progressent : partager des bonnes pratiques, transmettre son savoir, expliquer ses choix stratégiques, veiller à la formation, etc.
Appliquer la pensée de Carl Rogers en entreprise : 5 leviers concrets
Ces principes nous rappellent une vérité sous-estimée dans le monde du travail : tout comme les outils, la formation professionnelle, une bonne rémunération, la qualité de la relation est elle aussi un levier de performance, de croissance et de transformation.
Alors comment traduire ces fondements humanistes en pratique ?  
RH, managers, coachs, voici la pensée de Carl Rogers résumée en cinq mantras.
| Levier | 
| Instaurer un climat de sécurité psychologique au bureau | 
| La congruence : être soi-même dans la relation professionnelle | 
| Pratiquer l’écoute active et l’empathie avec chaque collaborateur | 
| Manager par la confiance | 
| Bâtir des relations de qualité au sein de son équipe | 
1. Instaurer un climat de sécurité psychologique au bureau
Un collaborateur ne peut pas évoluer positivement s’il se sent jugé ou exposé. Dans son concept d’Approche centrée sur la personne (ACP), Rogers insiste sur l’importance d’un cadre relationnelinconditionnellement accueillant.
Objectif : des équipes qui s’expriment sans crainte, s’entraident sans jugement, font leurs propres expériences et progressent en confiance.
En pratique :
- Reformulez pour montrer que vous écoutez réellement.
- Validez les émotions sans les minimiser (« Je comprends que cela ait pu être frustrant pour toi »).
- Réagissez avec bienveillance aux erreurs et proposez des solutions (formation et apprentissage plutôt que sanction).
2. La congruence : être soi-même dans la relation professionnelle
Rappelons que la congruence, c’est la capacité à être pleinement soi dans la relation, adopter un comportement sans posture artificielle. Chez Carl Rogers, l’authenticité doit être au centre de toute relation : on s’accepte soi-même, on accepte les autres.
« Ce n’est que lorsque je suis authentique que la relation devient transformationnelle. » Carl Rogers
Objectif : décomplexer ses équipes, encourager la transparence, conduire chacun à découvrir et assumer ses points faibles et ses points forts.
En pratique :
- Admettez quand vous ne savez pas.
- Exprimez vos ressentis avec simplicité (« Je me sens concerné par »).
- Évitez le jargon ou la langue de bois managériale.
3. Cultiver l’écoute active et l’empathie
La pensée de Carl Rogers est proche d’un mode de management. L’écoute active comme l’empathie impliquent d’entrer dans le cadre de référence de l’autre, sans projeter ni juger, pour permettre à l’individu de faire son chemin (et vous permettre de l’accompagner).
Objectif : Une équipe où chacun a sa place, des moments d’écoute fructueux, la compréhension de ce qui a fait qu’on a échoué, une atmosphère cadrée mais bienveillante.
En pratique :
- Laissez des silences. Laissez l’autre aller au bout de sa pensée.
- Reformulez sans interpréter (« Si je comprends bien, tu… »).
- Ne donnez pas tout de suite votre avis. Accueillez d’abord.
4. Manager par la confiance
Carl Rogers croyait profondément dans la capacité toute personne à se développer si elle est accompagnée avecrespect. Cela implique de sortir du micro-management 😉 et autoriser l’échec.
Objectif : Des collaborateurs qui se sentent valorisés et reconnus, stimuler l’autonomie, la responsabilité et l’envie d’apprendre.
En pratique :
- Posez des questions plutôt que de donner des instructions (« Quelles options vois-tu ? »).
- Donnez des objectifs clairs, mais laissez la personne choisir le chemin.
- Encouragez l’expérimentation, même si cela comporte des risques mesurés.
5. Bâtir des relations de qualité au sein de l’équipe
Chez Carl Rogers, ce n’est pas la méthode qui transforme, c’est la relation. Le manager, le RH, le coach ne doivent pas se cacher derrière des processus, mais s’impliquer humainement.
Objectif : Construire une équipe soudée et durablement engagée, renforcer l’attractivité de l’organisation, faciliter le changement et les feedbacks.
En pratique :
- Prenez du temps pour les relations informelles : elles sont souvent les plus révélatrices.
- Accordez du temps à chacun individuellement en dehors des « 1:1 » officiels.
- Veillez à ce que tout le monde trouve sa place.
👉 L’environnement de travail peut jouer un rôle dans la qualité relationnelle (écoute, reconnaissance, confiance), la croissance individuelle et collective, tirant tout le monde vers le haut. Comment faire ? En optant pour des espaces de travail conçus pour favoriser les rencontres et les interactions professionnelles dans une atmosphère à la fois stimulante et chaleureuse.
En conclusion : et si écouter mieux faisait grandir l’entreprise ?
Adopter la posture de Carl Rogers, ce n’est pas devenir thérapeute en entreprise.
C’est reconnaître que les relations humaines de qualité sont au cœur de la réussite collective et de la performance : écoute, confiance, authenticité, autonomie permettent à tout individu de se sentir « bien » et donner le meilleur de lui-même.
Ce que Rogers a découvert en thérapie, nous pouvons l’activer en entreprise et partout ailleurs : la relation transforme (quand elle est vraie 😉).
Quelques livres pour aller plus loin :
– Pour les manager, RH, coachs, parents qui souhaitent apprendre à apprécier les ressources « latentes » d’un individu pour l’aider à s’accomplir : Jean-Claude Filloux, Carl R. Rogers, Le développement de la personne, 2e édition – Dunod 2025.
– Pour comprendre la pensée de Carl Rogers, l’Approche centrée sur la personne (ACP) et ses applications contemporaines : André de Peretti, Présence de Carl Rogers – Eres 1997.
– Pour aider votre enfant dans son processus d’apprentissage : Carl R. Rogers, Liberté pour apprendre, Dunod 2013.
 
 
		 
						




