Phénomène de mode, emblème du travail collaboratif et du partage, le Hackathon a vu le jour au sein de la communauté des développeurs, avant de s’élargir au monde de l’innovation numérique de façon plus large. Si le principe est louable et convivial, la création est-elle pour autant toujours au rendez-vous ?

Le hackathon, quésaco ?

Une grande salle, des ordinateurs, plusieurs équipes, un temps imparti et de belles récompenses. Voilà les ingrédients qui forment un hackathon. Les premiers ont vu le jour en juin 1999 grâce aux pionniers de la discipline : OpenBDS (qui en organisent encore de nos jours). Le sujet porte généralement sur un logiciel ou une application, et les équipes ne sont pas constituées exclusivement de développeurs, mais aussi de designers et autres chefs de projets.

Beaucoup d’innovations, désormais partie intégrante de nos usages sur internet ont vu le jour grâce à ce genre d’évènement, comme le bouton like sur Facebook, ou le fait de pouvoir mentionner quelqu’un directement.

Autrefois destinés à un public assez restreint, on retrouve maintenant des hackathons dans des domaines variés, preuve de la démocratisation de cette discipline. Citons par exemple « Les 24h du recyclage » les 17 et 21 mai à Bordeaux, qui proposent aux participants de développer un projet d’innovation autour du recyclage et de l’écologie.

Ma liberté de hacker

Avant toute chose, il est bon de préciser que le hackathon fonctionne sur la base du volontariat. Si ce n’était pas le cas, la vision de personnes enfermées 48 heures devant un ordinateur (en mangeant et dormant peu) ne serait pas celle de convivialité que défendent les hackathoniens.

Car on pourrait catégoriser le hackathon comme un sport à part entière. En effet, participer à ce genre d’évènement induit une capacité de concentration et de persévérance accrue. Mais le jeu en vaut la chandelle : les récompenses sont différentes pour chaque évènement, mais elles peuvent monter jusqu’à 1 million de dollars comme l’a fait le géant du CRM Salesforce.

L’inconfort, propice à la créativité ? 

Les conditions d’un hackathon restent cependant déconseillées aux plus fragiles : le manque de sommeil, la nutrition peu équilibrée, deux facteurs parmi d’autres qui constituent un frein avéré à la concentration, invitent à s’interroger sur les conditions mêmes de la naissance de l’idée géniale qui révolutionnera nos usages.

Si la plupart des participants se disent satisfaits après avoir participé à ce genre d’évènement, on peut analyser cela tout autrement. Car en regardant froidement la chose, on serait tenté d’identifier ce processus à celui des travaux forcés ! En effet, le hackathon vend du rêve, et propose au participant se prouver à lui-même qu’il est capable de réaliser des choses impressionnantes en un temps limité.

Mais les conditions souvent minimales  sont d’autant plus volontairement passées sous silence, qu’elles participent à la légende. On a même vu la culture du hackathon infiltrer le processus de recrutement en école d’informatique, avec l’exemple emblématique de l’école 42. Pour y entrer, vous devez participer à « la piscine », épreuve d’un mois sans interruption et pour laquelle les prétendants sont logés sur place. France 4 avait consacré, dès 2015 un documentaire sur le sujet, dans lequel on perçoit bien le paradoxe entre la joie de la réussite et l’épuisement que cette épreuve génère.

Quid de la création ?

L’image que nous propose le hackathon est orientée en grande partie sur la création de concepts innovants. Alors oui, chaque hackathon livre son lot d’innovations, mais combien sont poussées à leur paroxysme ? Pour beaucoup de hackers, participer à ce genre d’évènement a pour vocation première le plaisir. À l’image d’un cycliste professionnel qui irait faire du vélo entre pairs.

Il y a en réalité peu de perspectives d’avenir pour la plupart des projets, comme l’explique Swift (hacks are just hacks) sur son blog. Bien entendu, il peut ressortir d’un hackathon un concept ou une start-up qui va se développer. On trouve même des hackathons organisés uniquement dans l’optique de créer des start-up. En 2017 par exemple a été organisé à Paris un hackathon fintech labs de 50h, ouvert à tous les profils, et se déclinant en deux parties (Tech et business). Réservé aux étudiants et jeunes diplômés, l’incubateur use’in organise depuis maintenant trois ans l’évènement « viens créer ta start-up en 24h ».

L’innovation est certes une priorité dans les esprits, mais pas un objectif durable. Prônant l’intelligence collective, le hackathon ne serait-il pas plutôt alors une forme d’expression individuelle, une parenthèse éphémère au cours de laquelle on entreprend de se dépasser… à tout prix ?

Certains parlent de nouvelles normes du travail, d’autres comparent ces manifestations à une scène orwellienne sombre dans laquelle seuls les bruits des claviers violemment mis à contribution sont audibles. Mais le point de vue des participants est tout autre, mettant de côté les aspects négatifs d’un tel événement pour n’en tirer que le meilleur. Certes les créations qui en ressortent ne sont pas toujours pérennes, mais la vulgarisation des hackathons se fait de plus en plus large. Pour les curieux qui voudraient avoir un aperçu de la vie des hackathoniens, la photographe Laura Morton a dépeint cet univers à travers sa série de photographies « Wild West Tech ».

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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