Vous trouvez qu’on vit une période… compliquée ? C’est parce le monde qui nous entoure est « VUCA » : Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu.
Observer leur environnement à travers cette description permet aux entreprises d’adapter leur gouvernance afin de parer à un maximum d’aléas. Décryptage à l’attention des managers.
En résumé :
- VUCA est une grille de lecture créée dans les années 80 pour élaborer des stratégies d’adaptation dans un monde jugé instable et opaque.
- Ce modèle est toujours d’actualité pour décrire les défis économiques des entreprises en 2025.
- VUCA permet finalement de décrypter les événements et de dégager quatre grands réflexes et pratiques managériales pour gérer au mieux son activité
Covid, ruptures géopolitiques, déferlante de l’IA, aléas économiques… tout évolue, vite et sans répit. Alors, comment rester à flot et piloter son entreprise lorsque l’on reste suspendu au vote d’un budget ou qu’une nouvelle taxe à l’import/export oblige à revoir ses circuits de distribution ?
La grille de lecture VUCA aide à prendre conscience des spécificités d’un secteur d’activité, d’un projet ou d’un environnement en général et de (ré)agir à bon escient. Explications.
Penser VUCA : définition & intérêt
L’acronyme VUCA (Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté) a été élaboré à la fin des années 1980 par l’U.S. Army War College pour 1 – décrire le monde post Guerre froide et 2 – se préparer à toute éventualité.
Pour aussi anxiogène (et réductrice) qu’elle puisse paraître, la pertinence de cette vision n’a pas échappé aux entreprises, qui s’en sont saisies pour analyser les dynamiques à l’œuvre dans l’évolution des marchés ou des modèles d’affaires.
© Benjamin Chaminade
Voici ce que recouvrent concrètement ces quatre qualificatifs :
- La Volatilité du monde désigne des changements soudains et rapides, difficiles à anticiper.
Aujourd’hui, la volatilité renvoie au dérèglement climatique qui s’accélère, à une pandémie qui paralyse le monde en quelques semaines, une révolution technologique (comme l’IA) ou tout autre événement rapide qui impacte de près ou loin l’activité économique.
- L’Incertitude met l’accent sur le manque de visibilité sur l’avenir et l’absence de données fiables pour guider les décisions.
En 2025, c’est par exemple le déferlement d’informations biaisées ou mensongères (#IA, fake news & infobésité), l’imprévisibilité de certains dirigeants politiques, la perte de repères dans un société qui se transforme ou la difficulté à se projeter.
À lire aussi : Infox, adoptez les gestes barrières contre les fakes news - La complexité pointe le haut degré de sophistication du monde qui nous entoure : les normes, l’enchevêtrement de facteurs économiques, sociaux, réglementaires, culturels, etc. Mais aussi des technologies de plus en plus complexes.
- L’Ambiguïté rappelle combien une situation peut être floue, subjective, mal documentée. Elle définit des situations où la prise de décision est complexe, où il n’est pas possible de prédire l’issue d’une stratégie avec certitude : des études (de marché) ou sondages qui se contredisent, des signaux faibles qui vont à l’encontre d’une tendance, etc.
👉 Alors c’est sûr, présenté comme cela, le monde VUCA donne envie de supplier M. Musk de monter à bord de l’une de ses fusées et de ne surtout pas revenir.
Résistez au désenchantement !
La méthode VUCA ne prétend pas dépeindre le monde tel qu’il est, c’est un outil. Son objectif : appréhender la gestion de son entreprise à travers ces quatre points de vigilance (Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté), afin d’adapter ses modes de gouvernance, process, décisions, etc. à la réalité du marché.
VUCA, avantages et limites
Le cadre VUCA a le mérite d’avoir structuré une nouvelle pensée stratégique dans un monde jugé imprévisible. Son succès auprès des entreprises tient à sa clarté et à sa capacité à poser des mots simples sur une réalité complexe (avouez, vous trouvez que VUCA résume parfaitement la situation 😉).
Mais si cette méthode permet de décrire les bouleversements à l’œuvre, elle n’intègre pas nos émotions et ressentis (par exemple, découragement, anxiété, confusion, surcharge cognitive) ni les dynamiques non linéaires des crises récentes.
Un pendant plus « humain » a donc été élaboré en complément. La grille BANI propose une lecture plus sensible et systémique des bouleversements actuels. Elle décrit un monde Brittle (fragile), Anxious (anxieux), Non-linear (non linéaire : autrement dit quand le lien de cause a à effet n’est pas flagrant-flagrant 😉) et Incompréhensible (incompréhensible).
| VUCA | BANI |
| Volatile | Fragile |
| Incertain | Anxieux |
| Complexe | Non linéaire |
| Ambigu | Incompréhensible |
VUCA by Wojo
Vous l’aurez remarqué, BANI n’est guère plus positif. Pourtant quand on y réfléchit bien, une randonnée, une fête de Noël ou votre ado sont eux aussi VUCA et c’est justement ce qui en fait tout le sel.
Ce que nous enseigne BANI, c’est que chacun peut reformuler VUCA pour l’adapter aux enjeux de son entreprise, ou à la vision du monde que l’on souhaite transmettre à ses collaborateurs. Exemple :
| VUCA années 80 | VUCA by Wojo |
| Volatile | Dynamique, stimulant |
| Incertain | Ouvert, tout est possible |
| Complexe | Passionnant, ambitieux |
| Ambigü | Poétique, non conformiste, créatif |
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Travailler dans un monde mouvant : quand l’incertitude envahit l’open space
Hyper concurrence, innovation, nouveaux usages : pour survivre économiquement à ce mouvement perpétuel, les entreprises doivent continuellement ajuster leurs stratégies. Jusqu’ici, rien de très nouveau.
Mais elles font face aujourd’hui à un nouveau défi pointé récemment dans l’étude Global Human Capital Trends 2025 (Deloitte)*, qui écrit : « Les entreprises doivent aujourd’hui composer avec un paradoxe de plus en plus pressant : garantir la stabilité des collaborateurs tout en cultivant une agilité organisationnelle indispensable pour répondre à l’imprévisibilité du monde actuel. » Toujours selon Deloitte, si 85 % de dirigeants identifient cette tension comme incontournable, peu auraient entamé un changement. Peut-être parce que le défi a des airs d’oxymore ?
👉 Comment en effet concilier l’exigence d’agilité imposée par un contexte VUCA et le besoin de stabilité de collaborateurs par ailleurs éco-anxieux (70%), de plus en plus désengagés (79%) et dont la santé mentale* se dégrade (45% en situation de détresse psychologique) ?
Un changement de paradigme s’impose : finalement la stabilité absolue n’est plus un objectif, ce sont la capacité d’adaptation et la résilience qui doivent être cultivées et valorisées. Et c’est ici que la grille VUCA entre en jeu.
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Dompter un monde VUCA : quatre bonnes pratiques
VUCA est un outil précieux pour repenser la manière dont les leaders accompagnent leurs équipes, communiquent les priorités, et créent des conditions de travail propices à l’engagement… quelles que soient les incertitudes alentours.
Chaque composante du modèle a vocation à servir de pilier, en mettant en évidence l’importance de l’innovation, la nécessité de renforcer l’intelligence collective, développer une culture de la confiance ou encore, la prise d’initiative. On commence par la volatilité.
Gérer la volatilité
« Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’il reçoive un coup de poing au visage. » Mike Tyson
Les changements soudains (marchés, technologies, attentes clients) rendent caduques les prévisions les plus élaborées. Le risque de se faire dépasser est donc permanent. Comment rassurer ses employés ?
👉Bonne pratique n°1 : communiquer sur les stratégies et sur le dynamisme de l’organisation afin de montrer que l’on est connecté à la réalité du marché.
- Mettre à jour régulièrement son Plan de continuité d’activité (PCA) pour sécuriser les opérations en cas de rupture et le présenter à l’ensemble des collaborateurs.
- Instaurer une culture de la veille (et donc allouer du temps pour cela) en formalisant un programme de veille stratégique (marchés, clients, technologies) avec un partage mensuel des signaux faibles.
- Communiquer en interne sur les innovations, la stratégie à long terme, etc.
- Privilégier le travail en mode projet avec des cycles de décision courts.
- Multiplier les points de contact, instaurer une culture du partage d’information.
- Encourager l’autonomie et la proactivité pour mieux réagir.
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Naviguer dans l’incertitude
« Le monde est de plus en plus volatil, incertain, complexe et ambigu. Cela impose un leadership plus humble, plus connecté. » Tracy Wolstencroft, ex-CEO de Heidrick & Struggles
On ne sait pas ce qui va arriver, quand, et comment. Les informations sont souvent incomplètes, voire mensongères. Alors, on peut passer 1 000 vies à vouloir être exhaustif ou… accepter cet état de fait et privilégier l’efficacité.
👉 Bonne pratique n°2 : apprivoiser, dédramatiser ce flou et apprendre aux collaborateurs à faire avec.
Voici comment :
- Leur apprendre à identifier la bonne information, la trier… et décider à quel moment s’arrêter dans cette quête.
- Écouter son instinct (et ses émotions), accepter de décider avec peu de données et assumer une part d’incertitude.
- Organiser des ateliers de scénario planning pour anticiper les différentes trajectoires possibles du marché ou de l’organisation.
- Valoriser l’expérimentation et dédramatiser l’échec : test & learn, droit à l’erreur, culture du risque calculé.
- Cultiver l’expertise de l’entreprise : s’entourer de ressources externes lorsque cela s’impose ; outiller ses collaborateurs avec des formations de pointe.
Décrypter la complexité
Les systèmes sont interdépendants et de plus en plus élaborés, les facteurs multiples, les réponses… incertaines. Les projets, les chaînes logistiques, les modèles d’affaires sont de plus en plus enchevêtrés.
👉 Bonne pratique n°3 : prendre le temps d’observer, analyser, réfléchir, en s’appuyant sur des outils et des méthodos éprouvées.
- Utiliser des techniques comme la cartographie des flux (mind mapping ou dépendances) pour visualiser les interconnexions entre projets, outils et business unit.
- Décomposer la complexité pour la décrypter et mieux prioriser les actions.
- Simplifier les processus décisionnels et favoriser des circuits courts.
- Clarifier les rôles et valoriser la force du collectif dans la résolution de problèmes.
- Renforcer les compétences transversales pour mieux naviguer entre fonctions et projets.
Clarifier l’ambiguïté
« L’ambiguïté aujourd’hui ne vient pas d’un manque d’informations, mais d’un excès d’informations. » Paul Gibbons
Trop de données et tant d’interprétations possibles, absence de précédents, risque élevé d’erreur… entravent parfois la prise de décision et créent un sentiment de malaise et d’impuissance. Contre ce flou perpétuel, adoptez une ligne de conduite qui a fait ses preuves : « l’union fait la force » 😉.
👉 Bonne pratique n°4 : revenir aux valeurs fondamentales et prendre de la hauteur.
Vous pourrez :
- Réduire l’ambiguïté là où c’est possible : être authentique et parler vrai, assumer les zones grises, communiquer sans détour.
- Encourager un leadership qui assume l’incertitude, sans surjouer le contrôle.
- Former les collaborateurs à la pensée systémique : relier les éléments, visualiser les interactions, comprendre les effets indirects.
- Lancer un mind mapping collectif à chaque évolution stratégique pour clarifier les impacts potentiels.
- Appuyer les prises de décision sur la force du collectif : intelligence distribuée, innovation ouverte, partenariats, communautés apprenantes.
Dans un monde VUCA, il ne s’agit pas tant de prévoir que de savoir réagir avec souplesse, lucidité et intelligence collective. Les exemples de leviers concrets énoncés plus haut (veille active, scénarios multiples, simplification des processus, leadership collaboratif) sont donc autant de clés pour apprivoiser l’avenir et le transformer en terrain d’opportunités.
Pour conclure
Vous en savez un peu plus sur la grille VUCA. On ne le répètera jamais assez, nos penchants nous invitent à entendre cet acronyme de façon… pesante. On peut préférer parler de contexte dynamique, ouvert, passionnant et créatif.
Quoiqu’il en soit, dans un monde aussi bouillonnant que passionnant, où tout est possible, rien de tel que le lien humain pour préserver son optimisme et garder les pieds sur terre. Alors, pour faire barrage à la morosité et stimuler vos équipes, installez votre entreprise dans des bureaux où l’esprit collaboratif est roi : chez Wojo, les contrats sont 100 % flexibles (la volatilité et l’incertitude ne seront pas des problèmes chez nous 💪).
* Sources :
Deloitte, Global Human Capital Trends 2025
OpinionWay x Empreinte humaine, Baromètre sur la santé psychologique des salariés français
Randstad, Work Monitor 2025
MonCVparfait, Rapport sur le désengagement au travail 2025
Harvard Business Review, Navigating Uncertainty: Thriving in the Most VUCA
Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Travail et climat – 2023
