L’association France-Hong Kong a organisé chez Wojo au mois de janvier 2019 un échange avec Arnaud Massonnie, spécialiste des nouvelles technologies et cofondateur de fifty-five, the data company, fondée en 2009 et présente en Europe, aux États-Unis et en Chine.

Nous avons résumé pour vous cet échange sur la privacy à travers le monde, et les différentes manières possibles d’exploiter les données des individus… en fonction de l’endroit où l’on se trouve sur le globe !

La privacy : piqûre de rappel

La privacy désigne tous les sujets et toutes les questions éthiques ou légales relatives au respect de la vie privée des individus. Ce terme et ses enjeux sous-jacents ont pris de l’ampleur avec l’avènement d’internet et les données qui en découlent.
Face à une population de plus en plus concernée par le sujet de la privacy d’une part et un sentiment de défiance accru par des scandales (Facebook – Cambridge Analytica, par exemple), le sujet de la privacy est devenu un sujet… brûlant !

Ceci étant, la manière dont est abordée la question de la privacy change énormément d’une région du monde à une autre. Tandis qu’en Chine, la donnée des individus paraît appartenir à l’Etat et qu’en Amérique, le libéralisme économique semble prendre le pas sur la vie privée, le RGPD en Europe se pose en protecteur des individus et de leurs données personnelles. Petit tour d’horizon de ces différentes conceptions à travers le monde…

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Les données au service de l’État chinois

Comme l’explique Arnaud Massonnie, la privacy, en Chine, aurait été écartée au profit du big data et du développement de l’économie, faisant de l’État le propriétaire légitime des données personnelles des individus.

Les données y sont collectées sans restriction, afin de contribuer au bon fonctionnement de l’économie, et de s’assurer d’une compétitivité hors norme des entreprises, notamment issues de la tech. Sous couvert du “mieux vivre ensemble”, le pouvoir recourt à un dirigisme que l’on pourrait qualifier de décomplexé, comme l’explique Arnaud Massonnie dans cette tribune du Monde. Plus simplement, c’est donc cette prise en main des données qui a permis à la Chine d’accélérer son développement technologique tout en pratiquant un contrôle massif et permanent des individus, toujours sous couvert d’un paternalisme bienveillant.

« Les constructeurs de voitures électriques sont contraints d’intégrer au véhicule un système de géolocalisation inamovible permettant d’en suivre le parcours en temps réel. Toujours, bien sûr, par souci de sécurité et d’efficacité de l’action publique… »
Arnaud Massonnie, Le Monde

La collecte systématique et sans bornes de la data aurait donc trouvé sa terre promise en Chine. Plus rien ne s’oppose alors à la mise en place du Système de crédit social, un « système de notation réputationnelle des citoyens […]. Présenté comme un moyen de garantir la gouvernance de la société, il repose sur un outil de surveillance de masse […] et croise reconnaissance faciale, technologies Big data et peer pressure » détaille Arnaud Massonnie dans cette tribune des Echos parue au printemps dernier. Cerise sur le gâteau, grâce à l’interopérabilité de ses technologies, le Système de crédit social a les moyens de sanctionner immédiatement le citoyen considéré comme déviant…

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La ruée vers l’or des données aux États-Unis

Aux États-Unis, le paradigme est bien différent. Dans le berceau du capitalisme, il est entendu que les données appartiennent… au premier qui saura s’en emparer. C’est ce qui amène Arnaud Massonnie à parler d’une « ruée vers l’or des données » dans un pays où il est naturel de se forger son destin, envers et contre tout.

« Fondement de la société américaine, cette préservation de la pleine capacité,
au service du libéralisme, est sans borne. »
Arnaud  Massonnie, Les Echos

Rien de contrariant, donc, à ce que les GAFA s’octroient la meilleure part du gâteau. Grâce à leurs univers logués et à leurs services toujours plus innovants, ils ont su capter la majorité des revenus issus du marché publicitaire en ligne. Même si cela signifie laisser la privacy de côté.

« D’Adam Smith à Barack Obama, on aperçoit la main invisible chère à l’Amérique, selon laquelle l’ensemble des actions individuelles des acteurs économiques, guidées naturellement par le seul intérêt personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien de tous » rappelle Arnaud Massonnie dans sa tribune.

Vous l’aurez deviné, la majorité des Américains ne voient donc pas d’inconvénient majeur à livrer leurs données en échange d’un service adapté à leurs attentes. Cependant, nous ne sommes plus à la recherche d’un “mieux vivre ensemble”, mais plutôt de la quête du bien-être individuel. À l’inverse également de l’État chinois qui possède les données, ce sont ici les sociétés privées qui en tirent bénéfice(s), offrant des services de plus en plus personnalisés.

Le RGPD en Europe : un projet phare pour la protection de la privacy

En matière de collecte et de gestion des données personnelles en 2019, deux voies s’opposent :

  • Celle de la Chine, convaincue que la mainmise sur les données permet un avantage économique notable, ainsi qu’une meilleure gestion du pays et des citoyens.
  • Celle des États-Unis, qui permet à une poignée d’acteurs privés de s’accaparer la majorité du “nouvel or noir” en Occident.

Mais au pays des droits de l’homme et plus largement en Europe, aucune de ces approches ne saurait convenir. Ancrée dans les moeurs, la privacy est un concept qui paraît inaliénable.

C’est l’une des raisons pour lesquelles, selon Arnaud Massonnie, le RGPD est né sur notre Vieux Continent et non ailleurs. Le règlement ayant notamment pour objet d’aider les entreprises à mettre en place une palette de mesures pour limiter, expliquer, mais aussi justifier leurs besoins et usages des données des individus.

Ce ne sont donc ni l’État et encore moins les entreprises qui sont légitimes à contrôler les data, mais bien celui qui en est à l’origine : l’individu ! On attendra alors de ce dernier qu’il comprenne les enjeux, s’informe et décide en pleine conscience de la manière dont il souhaite partager ses données personnelles.

Un positionnement astucieux, à l’heure où les esprits s’éveillent et se sensibilisent. En effet, il n’est pas exclu que l’Europe devienne la terre d’accueil des entreprises qui souhaitent soigner leur image de marque. « Après le green ou la diversity, la privacy : le respect de l’environnement, des autres, et de son intimité, triple sésame de ce siècle. Un tel pouvoir remis aux mains des citoyens va incidemment offrir un formidable contre-pouvoir aux organisations européennes, entreprises ou institutions, face aux GAFA » écrit-il dans la tribune des Echos.

Une perspective rassurante ! Après les multiples polémiques liées à la gestion douteuse des données par des acteurs privés, on peut légitimement gager que les citoyens éclairés que nous sommes (et peu importe le continent sur lequel nous nous trouvons) finiront par exiger des entreprises plus de transparence…


Merci à l’association France – Hong Kong :

Association déclarée selon la Loi de 1901, l’Association France-Hong Kong vise à renforcer la connaissance et les liens économiques et culturels entre la France et Hong Kong.

Plus d’info sur le site https://www.association-france-hongkong.org/.
Contact : [email protected]

À propos de fifty-five :

fifty-five accompagne les entreprises dans l’exploitation de leurs données au service d’un marketing et un achat-média plus performants. Partenaire des annonceurs de la collecte à l’activation des données, la data company aide les organisations à devenir de véritables entités omnicanales maîtrisant l’efficacité de leur écosystème digital et ses synergies avec le monde physique. Pilier data stratégique de You & Mr Jones, premier groupe de BrandTech au monde, fifty-five propose des prestations associant conseil, services et technologie. La data company est présente à Paris, Londres, Hong Kong, New York, Shanghai, Genève et Shenzhen.  

Plus d’infos sur le site : https://www.fifty-five.com/
Pour contacter Arnaud : [email protected]


Un article rédigé par Léa Kaniewski, Marketing specialist chez fifty-five & Laëtitia Cognie, pour Wojo, Business humanizer

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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