« Notre maison brûle », c’est un fait. Cela fait d’ailleurs à peu près 50 ans que nous avons compris qu’il faut changer nos modes de vie (consommation, déplacements, travail). Pour autant, on ne peut pas dire que cela bouge beaucoup… La conviction du Women’s Forum est que l’on a ignoré un levier de taille ; un « oubli » qui pouvait s’expliquer dans les années 70, mais plus aujourd’hui : les femmes.

Chiara Corazza, directrice générale du Women’s Forum a été invitée chez Wojo par le C3D (Collège des directeurs du développement durable) : une soirée riche d’énergies positives et d’échanges constructifs (et sans filtre). Nous en avons retiré cinq jolies leçons… à partager sans modération.

Reconnaître que les femmes… peuvent contribuer davantage

Le Women’s Forum organise depuis 2005 de nombreux rassemblements et opérations ayant pour but de promouvoir les visions et les voix de femmes, expertes, influenceuses, impliquées sur le terrain etc. sur les sujets économiques et/ou sociétaux mondiaux… Tout simplement parce qu’il n’y a pas de mal à se le dire, les femmes ont une approche différente, et complémentaire, de celle des hommes : d’où l’intérêt de confronter les points de vue !

Depuis 2017, l’un des sujets qui tient à cœur à l’organisation, et non des moindres, est celui du climat : 22 ans après le protocole de Kyoto, le dérèglement climatique empire. Intérêts divergents, visions court-termistes, habitudes chevillées au corps… ont pour conséquences l’épuisement des ressources (l’eau, les forêts, les sols), l’incapacité à faire face à l’accumulation de nos déchets, la destruction de la biodiversité, le dérèglement climatique et son cortège de réactions en chaîne…

Et si cela ne bougeait pas assez vite… parce que presque la moitié de l’humanité n’a pas été impliquée, ou même consultée sur ces enjeux ? « Il faut un leadership féminin sur le sujet du climat », affirme Chiara Corazza. On ne parle pas ici de position de principes ou d’arguments féministes, mais de bon sens. Et Chiara Corazza parle sans détours : « Une femme meurt 14 fois plus qu’un homme pour des raisons imputables au dérèglement climatique. Si une femme est plus impactée qu’un homme, alors elle peut aussi être la solution : elle doit devenir actrice du changement climatique, en s’asseyant à la table des négociations. »

Mais pour inviter les femmes dans le débat contre le dérèglement climatique, par où commencer, à qui parler, qui convaincre, quelles actions mener ?

Ne pas commettre l’erreur d’opposer les parties

On peut dire ce que l’on veut. Mais sur notre planète, qui, dans une large mesure : tient la cuisine (le feu, le bois et l’eau), l’hygiène (l’eau et autres produits), choisit ce que la famille mange et pour finir, transmet, via les traditions familiales, ces façons de faire aux enfants… ?

Imaginez un instant l’impact sur le dérèglement climatique, si les femmes changeaient leurs habitudes. Ou au moins, donnaient leur avis, en tant qu’utilisatrices quotidiennes ?

Pour autant, il n’est pas question ici de s’opposer aux hommes. D’où cette nouvelle mise en garde de Chiara Corazza : « Il ne s’agit pas de militantisme. Nous parlons simplement de re équilibrer les discussions : les femmes doivent pouvoir proposer et décider tout autant que les hommes », sur des sujets qui concernent l’humanité. « Le Women’s Forum est inclusif, le climat en particulier est l’affaire de tous. »

Voilà comment est née l’idée du Daring Circle Women & Climate, tout récemment créé en 2018 avec l’appui de BNP Paribas et L’Oréal et qui rassemble des institutionnels, des grands groupes, des experts de tous horizons, pour ne pas dire de tout poil : « on a osé ! », commente Chiara Corazza. Le Daring Circle a pour mission d’identifier et mettre en lumière toute initiative, qui aurait pour ambition d’accélérer la transition vers une économie moins impactante pour le climat. « On cherche à donner l’exemple, à montrer que ces actions peuvent être déployées ailleurs… Un bon projet de lutte contre le dérèglement climatique est un projet local mais qui a également un haut potentiel de passage à l’échelle » explique encore la directrice générale du Women’s Forum.

Reconnaître que l’absence des femmes dans certains secteurs a un impact

Pour cela, il est urgent de donner à toutes les femmes les moyens d’agir, à commencer par leur accès à l’éducation : « Réduire les écarts de financement en matière d’éducation entre les hommes et les femmes diminuerait la quantité de gaz à effet de serre à hauteur de 51,48 gigatonnes de CO2, soit de trois fois les émissions mondiales de 2017. » Ce calcul n’est pas sorti du chapeau de Chiara Corazza mais d’études menées par EcoAct et KPMG. Offrir aux femmes le même potentiel en termes d’éducation que les hommes, aurait donc un impact non négligeable sur le climat !On estime ainsi que si les femmes bénéficiaient de l’égalité d’accès aux terres agricoles, le rendement de ces dernières augmenterait de 20 à 30%.

Vous penserez peut-être que l’occident n’est pas concerné : « Songez alors que dans le monde, 240 millions de femmes sont propriétaires de leurs entreprises, mais qu’elles n’ont accès qu’à 1 % des achats des gouvernements et entreprises – et ce partout dans le monde, y compris sous nos latitudes ! explique Chiara Corazza. C’est bien dommage car il s’avère que ces entreprises-là sont plus éthiques et que leurs solutions sont plus pérennes. » Autre chiffre : seulement 20 à 25% de la main-d’œuvre du secteur de l’énergie dans le monde est féminine. Les femmes ne possèdent que 15% des terres agricoles du monde. Et tous les secteurs sont concernés. Contribuer à féminiser les métiers changerait-il la face du monde ? Peut-être.

Prenons un cas pratique édifiant, raconté par Chiara Corazza : saviez-vous que les technologies de reconnaissance faciale (pourtant tellement performantes) ont des taux de réussite de 65 % quand il s’agit de distinguer une femme… noire d’une autre ; contre 99% quand c’est un homme blanc. La raison de cette lacune ? Peut-être le fait que les développeurs formés à l’intelligence artificielle sont des hommes blancs… Une raison de plus d’intégrer tous les profils à la construction du monde de demain.

En finir avec le complexe de l’exemplarité

Qui d’entre nous, homme ou femme, prend sa douche le matin (bien chaude, robinets ouverts à fond) en pensant aux objectifs de l’accord de Paris ? En pensant à contenir le réchauffement climatique, sortir des énergies fossiles, atteindre la neutralité carbone… ?
Il faut reconnaître qu’on l’on a tous tendance à se dire que ce n’est pas nous individuellement, c’est l’industrie ; ce n’est pas nous citoyens, c’est notre gouvernement ; ce n’est pas nous, finalement, on est si peu de choses : c’est les autres.

Chiara Corazza,
directrice générale du Women’s Forum

Et voilà pourquoi la charte élaborée par le Women’s Forum pour aider les femmes à contribuer à endiguer le dérèglement climatique s’adresse à la fois aux entreprises, aux États et aux citoyens, mais avec une injonction de taille, qui tient en un mot : modestie. Chacun – et chacune, d’ailleurs, puisque c’est le sujet, est invité à faire de son mieux : « On ne juge personne, chacun fait à la hauteur de ses moyens. Parler, faire circuler des idées, c’est déjà beaucoup.» Ainsi, stigmatiser une grande organisation parce qu’elle ne pivote pas du jour au lendemain, ou crier au green washing à tout va…  n’est pas dans les usages du Women’s Forum, qui souhaite plutôt encourager chaque partie prenante à faire un geste, à s’impliquer, en saluant la moindre initiative et sans jamais donner de leçon : il faut bien commencer par quelque part.

Cinq sujets sur lesquels on attend de vous que vous soyez bavards et bavardes

Alors, par où pourriez-vous bien commencer ? Quel geste pourriez-vous faire, à votre niveau ? « La charte est ouverte à tous pour signature et nous voudrions que les gens en parlent et se sentent concernés, dans leur entreprise, dans leur foyer. Et surtout, nous fassent remonter des idées, partagent des exemples d’initiatives : c’est de cela, dont nous avons le plus besoin », appelle Chiara Corraza.


Voici les cinq priorités mises en avant par le Women’s Forum, au sujet desquelles vous êtes donc invités à vous interroger et engager la discussion autour de vous :

  • D’ici à 2030, que diriez-vous d’atteindre la parité au sein des instances de décision liées au climat, que ce soit en politique ou dans le secteur privé ?
  • Quand allons-nous enfin prêter plus attention aux liens incontestables qui existent entre les inégalités de genre et les conséquences de ces inégalités sur le réchauffement climatique ?
  • Comment contourner et éradiquer les difficultés d’accès rencontrées par les femmes aux ressources à même de leur permettre d’influer sur le changement climatique ?
  • Et si on réclamait tous que les données de genre soient automatiques dans les politiques climatiques, considérant que les femmes ne sont pas impactées de la même manière que les hommes ?
  • Et si nous exigions de nos marques préférées qu’elles financent et développent de préférence des solutions au dérèglement climatique sociales, économiques et technologiques qui intègrent la notion de parité ?

Épilogue

« Banco ! » a dit une femme, alors que Chiara Corazza énumérait les cinq principaux objectifs de la charte…  La femme en question, c’est Hélène Valade, directrice du développement durable chez Suez, Vice-présidente du C3D et présidente de l’Orse, qui se lance. C’est décidé : le C3D va s’atteler à repérer, au sein de ses quelques 130 membres, tous ceux qui portent des initiatives à même de contribuer à restaurer un certain équilibre homme/femme dans les sujets liés au réchauffement climatique. Et elle fera remonter ces projets au Daring Circle. On n’a pas dit que c’était simple, mais il faut bien commencer !  

Le prochain rendez-vous parisien pour le Women’s Forum aura lieu les 20-22 novembre au Carrousel du Louvre.

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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