Pour la troisième année consécutive, Wojo a organisé une collecte au profit des Restos du Cœur (aide alimentaire, produits d’hygiène, collecte solidaire) dans ses sites français. Cette nouvelle opération de soutien est l’occasion d’échanger avec Barbara Le Breton, Secrétaire générale des Restos du Cœur de Paris, et Claude Chaillou, Responsable des partenariats entreprises pour les Restos du Cœur de Paris. Les deux bénévoles nous exposent les besoins de l’association, et l’aide précieuse qu’entreprises et collaborateurs peuvent apporter.  

Les Restos du Cœur, pilier de l’aide alimentaire en France

Barbara, tout le monde connaît les Restos du Cœur, association fondée en 1985 par Coluche. Pouvez-vous nous donner les quelques chiffres clés à retenir pour comprendre son importance dans le paysage associatif français ?

B. LB. : Les Restos du Cœur aujourd’hui en France, ce sont 73 000 bénévoles (+ 25 000 occasionnels) qui œuvrent chaque jour dans 112 associations départementales et contribuent à 35 % de l’aide alimentaire française. Près de la moitié des personnes accueillies a moins de 25 ans. Nous comptons 39% de mineurs, avec une précarité infantile qui ne cesse d’augmenter (+15% de bébés en quelques mois).

Chiffres clés des Restos du Cœur 2022 / 2023

Aux Restos du Cœur de Paris, à fin décembre 2023, nous aurons distribué près de 5 millions de repas dans la capitale, dont 700 000 repas chauds aux gens de la rue. Cela représente la moitié de l’aide alimentaire parisienne, pour 4 000 bénévoles et seulement 4 salariés au siège (hors activités d’insertion). En 2022, nous avons valorisé 340 000 heures bénévoles à Paris, ce qui représente… 212 salariés à plein temps ! Cet incroyable engagement collectif est le socle de notre action.

Pour accomplir tout cela, quelles sont vos principales ressources ?

B. LB. :  Les Restos du Cœur en France dépendent aux trois quarts de la générosité du public (particuliers, entreprises, mécénat, dons sous toutes leurs formes). Les frais généraux sont très bas et nous permettent pour 100 euros de ressources d’en attribuer 93.7 euros directement à nos missions sociales. L’association a reçu le label IDEAS, qui atteste de nos bonnes pratiques en matière de gouvernance, de finances et d’efficacité des actions menées.

Les Restos du Cœur ont d’autres activités, en plus de l’aide alimentaire ?

B. LB : Notre activité principale est la distribution de colis alimentaires dans nos centres, sur la base d’un barème de reste à vivre (ressources de la personne moins ses charges) calculé pour inscrire les familles les plus démunies. En parallèle, nous fournissons, en accueil inconditionnel, des repas chauds aux personnes dans la rue. Mais « parce qu’un repas ne suffit pas », nous avons également tout un volet d’activités d’accompagnement pour aider les familles à sortir de la précarité (alphabétisation et cours de français, aide aux démarches administratives, aide juridiques, distribution de vêtements, soutien à la recherche d’emploi, conseils en puériculture, insertion par le travail, etc.). Ces missions comptent beaucoup : nous estimons que toute personne qui pousse la porte des Restos doit être écoutée et accompagnée dans ses difficultés.

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Des difficultés inédites causées par l’inflation

En parlant de difficultés, quelles sont celles rencontrées aujourd’hui par l’association des Restos du Cœur en matière d’aide alimentaire ?

B. LB. : Nous sommes face à une augmentation sans précédent de la fréquentation de nos centres en France : 171 millions de repas distribués, soit 30 millions de plus que l’année précédente.

À Paris, entre 2019 et 2022, nous avons presque doublé le nombre de repas servis dans nos centres de distribution de colis alimentaires (+ 92%). Et en 2023, nous subissons une nouvelle hausse d’environ 20 %.

La fréquentation de nos activités augmente car les familles subissent les effets de l’inflation, ce qui réduit leur reste à vivre, avec à la clé une forte augmentation de la précarité. De l’autre côté, nos charges ont elles aussi augmenté, car nous achetons nous-mêmes une partie de nos repas. L’hiver dernier, Patrice Douret, le président bénévole de l’association nationale, avait communiqué des chiffres qui donnent le vertige. De 2,5 millions d’euros d’achat de denrées par semaine en France, nous sommes passés à 5 millions d’euros ! Cette hausse est à la fois le fruit de l’inflation, mais aussi de l’augmentation de notre fréquentation. Ce ne sont pas les Restos du Cœur qui sont en crise, mais la société !

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Comment gérez-vous cet « effet ciseaux » : hausse de la fréquentation et hausse des charges ?

C. C. : L’inflation nous a conduit à appliquer des mesures d’urgence terribles sur le terrain depuis le démarrage de la 39ème Campagne fin novembre dernier. Nous devons réduire le nombre de personnes accueillies en durcissant le barème, et également réduire la dotation accordée en repas. C’est un vrai crève-cœur mais nous n’avons pas le choix. Si nous continuons ainsi, dans trois ans, les Restos mettront la clé sous la porte.

Des ressources issues essentiellement de la générosité des entreprises et des particuliers

Claude, hormis l’aide alimentaire, quels types de dons peuvent être faits aux Restos du Cœur ?

C. C. : Nous avons plusieurs types de dons. Le premier est financier, sachant que pour les entreprises, le levier de défiscalisation est important, avec une réduction d’impôt sur les bénéfices de 60 % de la somme versée dans la limite de 20 000 euros ou de 0.5 % du CA annuel HT. 150 000 euros ne reviennent donc en réalité qu’à 60 000 euros.

Pour les particuliers, la loi Coluche permet de défiscaliser 75 % dans la limite de 1 000 euros, et 66 % au-delà. On remarque que peu de gens font ce calcul lorsqu’ils donnent, alors que l’incidence fiscale est importante.

Nous dépendons aussi énormément des dons en nature : denrées alimentaires, hygiène, vêtements, récupérés lors de collectes dans les magasins. Nous organisons régulièrement des collectes thématiques (fournitures scolaires, jouets, matériel de puériculture), et enfin des collectes habilitées en entreprise, comme celle réalisée chez Wojo.

De la part des entreprises, quelles aides sont les plus utiles pour vous ?

C. C. : On ne le répètera jamais assez : il y a bien sûr l’aide alimentaire, mais toutes les aides sont essentielles ! Les entreprises mènent de plus en plus d’actions RSE, ce qui les conduit à donner des jours de solidarité à leurs salariés. Le mécénat de compétences s’apparente à un don en nature, soit pour des besoins ponctuels en renfort, soit pour du mécénat longue durée lorsqu’une entreprise nous détache un salarié, pendant six mois, deux ans, voire trois en fin de carrière. On dispose alors de salariés seniors qui prennent des postes d’encadrement ou de chef de projet pour faire avancer les dossiers et qui renforcent nos gouvernances. C’est très précieux ! Cela nous aide à nous structurer et à ralentir le rythme pour certains bénévoles grâce à cet appui. Ce type de don se développe beaucoup et est vraiment important pour nous.

Les dons financiers sont essentiels aussi, car ils nous permettent d’acheter tout de suite des denrées. Nous menons beaucoup de projets où des entreprises mènent plusieurs actions simultanées : mécénat de compétences, mise à disposition de salariés en renforts ponctuels, collecte habilitée auprès des collaborateurs, à laquelle elles abondent. Ce sont des projets très forts pour les collaborateurs, qui ont du sens !

B. LB. : Nous avons également grand besoin de partenariats immobiliers. La mise à disposition de locaux, dans des conditions gratuites ou préférentielles, est essentielle pour mener à bien nos activités dans un marché parisien de l’immobilier très tendu et dont les charges peuvent avoir un impact élevé sur nos budgets.

Utilisez-vous des outils numériques pour faciliter les dons et l’engagement ?


C. C. : Nous avons développé un nouvel outil en ligne, une boutique chez un partenaire grossiste. Vous commandez des paniers de denrées alimentaires, hygiène, etc., qui sont ensuite distribués gratuitement aux personnes qui en ont besoin. Cela permet d’étoffer la palette de solutions à disposition pour l’entreprise.

B. LB. : Nous proposons aussi régulièrement aux entreprises des cagnottes en ligne, sur une période donnée, avec la possibilité pour chaque donateur de recevoir un reçu fiscal pour le don effectué. Toute personne peut également donner aux Restos en se rendant sur le site internet .

Une forte incertitude pour l’avenir

Comment envisagez-vous la suite et quels messages avez-vous envie que les gens retiennent ?


B. LB. : Chacun peut aider ! Les entreprises le peuvent, les salariés aussi, les particuliers, l’État, l’Europe… c’est une pyramide à plusieurs étapes qu’il faut sécuriser. Nous faisons tout pour préserver l’équilibre et l’aide alimentaire que nous apportons aux plus précaires. Malgré l’inflation, les dons restent stables grâce à la mobilisation depuis notre appel d’urgence de septembre 2023. Mais nous ne savons pas si cette dynamique va se poursuivre, nous menons un travail continuel de sensibilisation !

C. C. : Nous avons mené une étude qui montre qu’un euro investi dans l’aide alimentaire et sociale aux Restos du Cœur équivaut à 4 euros si c’était l’État qui menait les mêmes actions. Cela veut dire que nous sommes plus efficaces pour la même somme investie. Ce qui est normal, puisque c’est notre mission depuis des année. On a donc besoin d’aides de toutes natures : du temps, de l’argent, des locaux… pour que cet équilibre perdure !

Pour soutenir les Restos du Cœur à votre manière, rendez-vous ici !

Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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