Il y a les salariés qui démissionnent, ceux qui pratiquent le quiet quitting, ceux qui adoptent le présentéisme, ceux qui subissent le quiet firing… et puis il y a les autres. Ceux qui aimeraient bien partir, mais qui ne le font pas. Par peur, par impossibilité économique… et qui développent une nouvelle forme de désengagement : le ressentéisme. On fait le point sur cette forme pas si nouvelle de colère qui agite les entreprises, et les moyens de la prévenir.

Qu’est-ce que le ressentéisme ?

Après le quiet quitting, le big quit et autres anglicismes nés après le Covid, le ressentéisme (de l’anglais to resent, en vouloir à) est le nouveau néologisme qui monte, qui monte en France, lorsqu’on évoque l’état d’esprit des salariés. Il désigne ceux qui ne supportent plus leur travail, qui l’avouent, mais qui ne veulent pas démissionner pour des raisons financières, familiales ou d’incertitude économique. Cette tendance touche autant les jeunes travailleurs que les seniors.

Le ressentéisme désigne la frustration, la déception, la colère parfois ressenties par les salariés face à leur situation professionnelle. Des sentiments négatifs qu’ils n’hésitent pas à exprimer, ce qui impacte leur productivité, tout comme leurs relations avec leurs collègues et leurs managers. Un phénomène nouveau ? Pas tant que ça. Il y a toujours eu des gens qui détestaient leur emploi sans pour autant le quitter. Ce qui est nouveau, c’est la libération de la parole sur ce sujet, son expression au sein même des organisations… et la contagion de cette mauvaise humeur envers leurs collègues.

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Ressentéisme vs burn out, le jeu des différences

La définition du ressentéisme, qui consiste à détester son travail sans pour autant démissionner, pourrait ressembler à celle du burn out. Comme le burn out, le ressentéisme peut altérer la motivation, la productivité, et la santé mentale des salariés. Mais le burn out est plutôt le résultat d’un stress intense et chronique au travail. Il se manifeste par une fatigue envahissante, une perte d’intérêt pour le travail, un cynisme constant, et une altération de la santé mentale voire physique. Les symptômes sont donc proches, certaines causes identiques, mais les deux phénomènes restent distincts. Le ressentéisme peut en revanche déboucher sur un burn out si certaines conditions sont réunies.

Quelles sont les causes de ce ressentiment ?


Pourquoi en arrive-t-on à se sentir amer au travail ? Les raisons sont nombreuses :

  • Peur du chômage dans un contexte économique tendu ; /
  • Appréhension du changement, alors que l’on aspirerait à changer,
  • Pression hiérarchique qui crée un stress toxique ;
  • Manque de reconnaissance qui conduit à une perte de sens / de confiance en soi ;
  • Pression accrue au travail en raison de nombreux départs non remplacés. Un sondage mené par Poll & Roll pour Team et publié en novembre 2022 souligne qu’après le départ d’un ou plusieurs collègues, 56 % des salariés interrogés ont dû faire face à une surcharge de travail, et 31 % que leur santé mentale ou physique a été détériorée.

Voilà un terreau fertile pour l’amertume. Cet état d’esprit négatif révèle un mal-être persistant, pouvant aboutir à un burn out si aucune amélioration n’est apportée. Certains experts RH assimilent le ressentéisme à un quiet quitting assumé. Plutôt que de faire le strict minimum et toucher son salaire en fin de mois, les employés « ressentéistes » ne se cachent pas d’éprouver de la rancœur, de se sentir sous-évalués et sous appréciés. Ils aimeraient donner leur démission, sans pour autant oser ou pouvoir sauter le pas.

Ressentéisme en entreprise : quelles conséquences ?

Avoir une partie des salariés qui s’estiment mécontents de leur sort, et « enchaînés » à un travail qui ne les satisfait pas ou plus constitue un risque important pour eux, mais aussi pour la cohésion de l’organisation. Le ressentéisme fait partie de la famille des risques psychosociaux au travail, connue pour désorganiser les organisations, avec les symptômes suivants :

  • Augmentation de l’absentéisme et du turnover ;
  • Difficultés de recrutement ;
  • Augmentation des accidents du travail ; 
  • Baisse de créativité et de productivité ;
  • Augmentation des malfaçons ou des erreurs professionnelles ;
  • Dégradation du climat social ;
  • Perte de cohésion interne ;
  • Atteinte à la réputation de l’entreprise ;

Etc.

Autant de dysfonctionnements qui coûtent cher à l’entreprise.

Et quelles conséquences pour les collaborateurs ?

Rester coûte que coûte dans un poste qui ne leur convient plus a aussi un impact sur la santé mentale et physique des employés. En plus d’une baisse significative de leur engagement, cet état d’esprit négatif génère stress, irritabilité et frustration, qui peuvent conduire à une dépression ou à un burn out. Le risque de contagion en interne est réel, avec à la clé une baisse de productivité et de cohésion. Un peu comme un serpent qui se mord la queue : plus ça va mal… et plus ça va mal.

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Comment prévenir et réduire le ressentéisme ?

Comme de nombreux maux du travail, une politique active de la part de l’employeur contribue à améliorer le ressenti des collaborateurs et le climat interne, et à prévenir le ressentéisme. L’entreprise dispose de nombreux leviers pour cela.

Côté management

  • Une amélioration du management. Bon à savoir : le sondage Heyteam évoqué plus haut rappelle que 81 % des managers interrogés s’estiment suffisamment formés pour accompagner leurs équipes lors d’un départ, un chiffre qui illustre la distorsion de perception entre les salariés et le management sur cette question. 
  • Une amélioration de la communication et de la transparence avec les salariés, en les informant et en les impliquant autant que possible dans les décisions et la stratégie de l’entreprise.
  • Une culture de la reconnaissance en interne et du feedback professionnel bienveillant.

Côté RH

  • La possibilité donnée aux employés de faire remonter leurs souhaits et leurs remarques en toute transparence, sans crainte de représailles, de signaler d’éventuels problèmes de management rencontrés au quotidien, afin de ne pas laisser s’envenimer des situations.
  • Des perspectives d’évolution de carrière adaptées au parcours et aux envies de chacun, pour que toutes et tous se sentent à leur place.
  • Des programmes de formation et de développement professionnel qui encouragent la créativité et renforcent l’employabilité des salariés pour lutter contre la peur du changement.
  • Une rémunération équitable afin de valoriser l’apport de chacun à la réussite de l’entreprise.

Côté équilibre vie personnelle / vie professionnelle

  • Un environnement de travail positif, qui propose notamment des conditions de travail propices au bien-être.
  • Une flexibilité horaire et géographique dans l’organisation du travail, source de responsabilisation et d’épanouissement.
  • La possibilité de télétravailler chez soi et dans des espaces de coworking à proximité de son domicile, dans des lieux où règne la convivialité et qui ouvrent des perspectives nouvelles aux salariés immergés dans un écosystème dynamique où se croisent des profils très variés.

Salariés, que faire si vous vous sentez ressentéistes ?

Vous détestez votre travail à tel point que vous envisagez de démissionner… sans passer à l’action pour des raisons qui vous sont propres ? Plutôt que de mettre en péril votre santé mentale et votre progression professionnelle, voici quelques idées de pistes à activer avec votre employeur et à titre personnel.

  • Ouvrir le dialogue avec son employeur, en exprimant son mal-être et ses besoins à son manager, aux ressources humaines ou à un représentant du personnel. Les salariés peuvent aussi solliciter la médecine du travail ou un psychologue du travail.
  • Chercher à identifier les causes de cette insatisfaction professionnelle : surcharge de travail, manque de flexibilité, de reconnaissance, rémunération insuffisante, manque de lisibilité de la stratégie de l’entreprise etc.
  • Solliciter un bilan de compétences ou un VAE (validation des acquis de l’expérience) afin de réfléchir à une évolution de carrière plus épanouissante.
  • Demander une évolution de poste, une révision de salaire, une plus grande flexibilité horaire et géographique dans l’organisation de son travail.
  • S’impliquer différemment dans l’entreprise, en devenant référent hygiène et sécurité ou en rejoignant le CSE (Comité social et économique) dans un autre contexte ; en organisant des sessions sportives, etc.
  • Prendre soin de sa santé physique et mentale, en pratiquant une activité physique régulière, en se ménageant des temps de déconnexion et de loisirs, et en évitant l’isolement social.
  • Envisager une reconversion professionnelle si le ressentéisme persiste malgré tout, et si le salarié n’est plus en phase avec son métier ou son entreprise.
  • Consulter un professionnel de santé en cas de symptômes évoquant un burn out ou une dépression.
  • Poser un congé formation, histoire de prendre du recul, mener à bien un autre projet et faire le point.

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Le mot de la fin ?

Le ressentéisme n’est finalement que l’expression la plus récente d’un mal-être larvé au travail qui ronge les relations entre entreprises et salariés, dans de nombreuses régions du monde. Manque de sens, de reconnaissance, d’autonomie… constituent des terreaux fertiles pour une insatisfaction croissance et contagieuse. Chaque entreprise peut agir, à la hauteur de ses moyens et selon sa propre culture, afin de tenir compte des nouvelles attentes des collaborateurs et leur apporter un cadre de travail qui tient compte de leurs besoins et envies, avec responsabilité et respect.

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